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Français
S. Stronski

1. Il m’advient en chantant de me rememorer ce que je veux oublier par mon chant, puisque je chante afin d’oublier la douleur et le mal d’amour, et plus je chante plus il m’en souvient, ma bouche ne parvenant pas à dire autre chose que : gràce ! Il est donc vrai et il semble bien que je porte, dame, au fond de mon coeur votre image qui m’exhorte à ne pas changer mon sentiment.
 
II. Et puisque Amour veut m’honorer à tel point qu’il me fait vous porter dans mon coeur, je vous supplie, par pitié, que vous le préserviez d’arder, craignant beaucoup plus pour vous que pour moi ; puisque mon coeur, dame, vous loge en lui, si quelque mal lui arrive, comme vous êtes dedans, vous en souffrirez nécessairement ; faites donc avec le corps ce qui vous plaira, mais le coeur, gardez-le comme votre maison.
 
III. Car lui, il vous garde et chérit si fort que le corps en a l’air niais : il y emploie la raison, le talent et la valeur, de façon que, retenant la raison, il laisse en trouble le corps ; et il arrive souvent que l’on me parle sans que je sache de quoi, et que l’on me salue sans que je l’entende ; que l’on ne m’accuse donc pas si l’on me salue et que je ne dis mot.
 
IV. Le corps ne doit pas, cependant, faire grief au coeur, quel que soit le mal que celui-ci puisse lui causer, car il l’a dirigé vers le plus honorable seigneur et arraché d’un autre endroit où il trouvait la fausseté et non pas la foi ; je ne pense pas, cependant, qu’elle me recçoive favorablement si la Gràce ne m’appuie pas : puisse-t-elle entrer dans son coeur pour qu’elle daigne, au lieu d’un riche don, écouter ma sincère chanson.
 
V. Et si vous daignez l’écouter, dame, j’en devrai trouver gràce ; pourtant, il faut que j’oublie sa haute valeur ainsi que les louanges que j’en ai dites et que je dirai toujours, puisqu’elles ne m’apportent pas d’autre profit que de me tourmenter ; car l’ardeur augmente en moi et reprend ues forces, et le feu, si on le remue, s’accroît, je le sais, sans bornes, et, si on ne le remue pas, meurt en peu de temps.
 
T1. Je puis bien mourir, sire « Aimant », car je ne me plains de rien, même si mon mal augmentait de même façon que se multiplie, par la nature des choses, le point de l’échiquier.
 
T2. Chanson, va sans retard à Montpellier et dis de ma part au seigneur Guillaume, bien que cela lui déplaise, que sa valeur croissante m’oblige à implorer son pardon.

 

 

 

 

 

 

 

 

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