Traduccions - Übersetzungen - Translations - Traducciones - Traductions - Traduzioni - Reviradas

002,002

Français
S. Stronski

I. Le chant me tourne en chagrin, quand il me souvient de sire Barral et puisque l’amour ne m’importe plus, je ne sais comment ni sur quoi je chante ; mais chacun demande une chanson sans se préoccuper du sujet, de façon qu’il faut tout de même que je la fasse toute neuve, les paroles ainsi que la melodie ; et puisque je chante force, sans amour, par obligation et à cause de sottise, mon chant sera suffisamment éminent, s’il est tant bien que mal réussi.
 
II. Les amoureux ressemblent bien aux riches avares, car, par souci de coeur, leurs joies diminuent toujours, plus ils en ont ; celles-ci sont en effet comme une fenêtre qui diminue si l’on y ajoute [sc. des ornements] ; car, plus on prend ce que l’on poursuit, plus on trouve motif à poursuivre ; c’est pourquoi je tiens pour meilleur qu’un roi ou un empereur celui qui vainc ces deux mauvaises qualités qui subjuguent la plupart de barons.
 
III. Ce serait bon si l’on estimait Dieu autant que soi et le bien autant que le mal ; mais l’homme estime ce qui n’a pas de valeur et il regarde son profit comme un dam ; c’est pourquoi je n’ose pas vous parler de votre profit en chantant, car ie siècle n’aime pas et je ne crois pas qu’il lui plaise qu’on lui dise autre chose que son mal ; mais au moins puis-je dire le deshonneur puisque les Turcs, étant vaincus et humiliés entre eux, tout vaincus qu’ils sont, ils nous vainquent.
 
IV. Ils nous vainquent bien, parce que nous ne faisons aucune question de la honte mortelle ; et si nous étions loyaux, cela nous tournerait en grand’ honneur ; ce fut, en effet, une belle idée de Dieu que les puissants — (qui se font plus fragiles que la glace quand on les exhorte à l’abstinence) — obtiennent toutefois pardon en combattant glorieusement : Dieu en a pris en son oeuvre maints pour lesquels, sans cela, la confession même ne lui plairaît pas.
 
V. Donc, nos barons que font-ils, et le roi anglais que Dieu puisse garder ? Croit-il avoir accompli sa tâche ? Il y aura une tromperie bien vilaine, s’il a fait la dépense et un autre fait la prise ! Car l’empereur fait des efforts pour que Dieu recouvre son pays ; il sera, en effet, le premier à y prêter secours, si Dieu lui remet sa terre [en fief] ; c’est bien juste, le don étant si riche, que pareille soit la récompense.
 
T1. Je conseille au roi français de réparer le retour que l’on nc lui tient pas pour bon [ou bien l’optatif] ; je dis donc, s’il y prête son secours maintenant que c’est utile, qui’l ne prenne pas peur ; et s’il n’y va pas maintenant que c’est le moment, je dis qu’il est déshonoré deux fois autant.
 
T2. Sire « Aimant » me plaît beaucoup et j’en apprécie bien plus la valeur, parce qu’avec sire Barral, mon seigneur, la dignité et la largesse sont mortes, comme s’il n’y avait plus rien.
 
T3. Sire « Tout-le-temps », moi et vous, nous sommes joyeux l’un pour l’autre.

 

 

 

 

 

 

 

 

Institut d'Estudis Catalans. Carrer del Carme 47. 08001 Barcelona.
Telèfon +34 932 701 620. Fax +34 932 701 180. informacio@iec.cat - Informació legal

UAI