I. J'aime mieux l'alouette et le rossignol que nul autre oiseau, car, par joie du renouveau, ils sont les premiers à chanter. Semblable à eux, quand les autres troubadours restent muets, je chante d'amour pour ma dame Na Vierna.
II. Et puisque sa faveur me permet de l'appeler dame dans mes vers, il est juste que je me conduise bien avec elle : aussi je vous jure sans tromperie que je lui appartiendrai désormais, car elle m'a fait tant d'honneur qu'elle me retient comme serviteur, et pour toujours, dame Vierna.
III. Las ! comme je me plains de ce qui me fait plus de mal que blessure de flèche ou de couteau ! Celui-là est fou qui va se vantant de son bonheur avant qu'on le lui demande ; et dame fait grande folie, quand elle aime en haut lieu — Dieu en garde Na Vierna.
IV. Maintenant je suis plus heureux qu'à l'ordinaire : quand je regarde mon anneau, je ne vois cité ni château dont les habitants ne me soient tous soumis ; rois et amirans me tiennent tous pour leur seigneur, à cause de la douce joie qui me vient de dame Vierna.