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Français
J. Anglade

I. Bel et cher ami, vers vous s'en vient l'été, qui autour de Noël vous envoie de ses fleurs, et je vois février, car déjà le temps de Pâques est venu et l'hiver s'enfuit qui ne vous est pas agréable. Donc puisque la saison est à votre goût, celui-là est bien misérable et veut bien déchoir qui ne sait pas vous honorer et vous aimer.
 
II. Votre noble domination me plaît tant que, quand j'entends dire de vous de bonnes louanges, j'éprouve une joie délicieuse et savoureuse, semblable à celle des oiseaux quand ils se réjouissent
dans leurs nids du joli temps nouveau qu'ils voient apparaître : et j'ai un tel désir de vous voir, beau doux ami, que je puis à peine retenir ici mes yeux.
 
III. C'est pour nous, courtois, une peine et une douleur de voir que tant d'honneur et de noble valeur se soit mis parmi les fous jaloux : mais que personne, pour ce seul fait, ne s'afflige (?) : car la bonne réputation ne peut pas rester au milieu des lâches, et comme les lâches sont nécessairement toujours jaloux de ce que font les preux, on ne doit pas les craindre.
 
IV. Je suis très malheureux, ami, de voir qu'il vous arrive des ennuis, que ma dame ne me fait nul secours et que son amour m'étreint tellement que je pense mourir de chagrin et d'affliction. C'est pour mon malheur que je l'ai aimée, puisqu'elle ne doit pas m'appartenir et que je ne puis m'abstenir de [ce qui cause] mon mal. Car je n'ai en moi nul pouvoir.
 
V. Si je parais farouche aux autres, pour elle je veux tellement son bien et son honneur que sa grande puissance ne doit pas me nuire. Car jamais, depuis qu'elle m'eut tout entier (en son pouvoir),
je n'ai rougi de l'aimer ; je l'aime tant et d'un coeur si sincère que je n'espère d'aucune autre de joie parfaite ; c'est grand péché, si elle reste froide envers moi.
 
VI. La grande valeur, le mérite supérieur et le doux plaisir qui me sont venus en l'aimant furent combattus par de misérables traitres, mais bientôt les accusations et les attaques méchantes cessèrent. Vous devez avoir le nom de soeurs, car Dieu vous donne plus de valeur à toutes deux ensemble, malgré ceux qui font affliger mon coeur.
 
VII. Dame Vierna, je voudrais revenir vers vous et y rester, si mon Castiat m'en donnait loisir ; mais il se fait trop craindre.

 

 

 

 

 

 

 

 

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