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Français
J. Anglade

I. Je méprise les seigneurs qui sont de faux et déloyaux médisants, car j'ai choisi une dame où la distinction parfaite est une qualité innée. Je l'aime d'amour parfait, sans fausseté, et je suis tout à elle, quel que soit le moment où elle voudra être à moi ; car sa beauté et sa valeur sont tellement éclatantes qu'un roi serait honoré en l'aimant ; aussi suis-je riche pourvu qu'elle daigne me dire oui.
 
II. Rien ne m'a autant charmé comme son coeur droit et loyal où se réunissent toutes les bonnes qualités et tous les biens sans aucun mal. Puisqu'elle a tout ce qui convient à l'amour, je serai heureux, pourvu que je sois à ses côtés ; et si la pitié, qui est le couronnement de toutes les bonnes qualités, m'est de quelque secours auprès d'elle, je puis vous dire sans hésitation (mensonge ?) que jamais elle ne m'aura été d'un aussi grand secours auprès de l'amour.
 
III. Je vois la poésie en décadence, ainsi que les joyeux entretiens, les réunions, la bonne hospitalité et la libéralité ; la galanterie n'est plus honorée, à moins que dame et amant ne soient fourbes. Celui-là a la plus belle récompense qui trompe le plus ; je n'en dirai pas davantage, que les choses aillent comme elles voudront. Mais ce qui me chagrine c'est que celui qui commença à être fourbe n'ait pas disparu tout de suite : ce serait juste, car il a donné un bien mauvais exemple.
 
IV. Je sens mon coeur réjoui, car Barral m'aura de nouveau. Heureux celui qui m'a élevé et que Dieu le protège ! Car je suis si connu que tous les jours m'arrivent des salutations de Catalogne et de Lombardie ; tous les jours monte et grandit ma renommée. Pour peu le roi en mourrait d'envie, car je fais mes folàtreries et mes jeux avec les dames.
 
V. Ma vaillance et ma supériorité sont choses connues et prouvées ; puisque Dieu m'a enrichi, il ne convient pas que je sois vénal. Je connais cent femmes dont chacune me voudrait avoir avec elle, si elle le pouvait. Mais je suis d'un naturel à ne jamais faire le fanfaron, je n'ai jamais trop voulu parler de moi-même ; j'embrasse les dames et renverse les cavaliers.
 
VI. J'ai mis fin à maint bon tournoi par les coups mortels que je donne ; aussi partout où je vais s'écrie-t-on : « Voilà messire Peire Vidal, celui qui maintient courtoisie et galanterie, qui agit en vaillant homme pour l'amour de sa mie, qui aime mieux batailles et tournois qu'un moine n'aime la paix et pour qui c'est une maladie de séjourner et de rester dans le même lieu. »
 
VII. Pas plus que le poisson ne peut vivre sans eau, courtoisie ne peut vivre sans médisants : aussi les amants achètent-ils bien cher leur joie.

 

 

 

 

 

 

 

 

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