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Français
J. Anglade

I. Seigneur Drogoman, si j'avais un bon destrier, mes ennemis se trouveraient en mauvaise passe ; car à peine ont-ils entendu mon nom, qu'ils me craignent plus que les cailles l'épervier, et ils n'estiment pas leur vie un denier, tant ils me savent fier, sauvage et féroce !
 
II. Quand j'ai vêtu mon fort haubert double, et ceint l'épée que le sire Gui m'a donnée naguère, la terre tremble sous mes pas ; et je n'ai ennemi si orgueilleux qui ne me laisse promptement cheminet sentier, tant on me redoute quand on entend mon pas.
 
III. Pour la hardiesse, je vaux Roland et Olivier, pour la galanterie Bérard de Montdidier. Ma prouesse me vaut si bonne renommée, que souvent il me vient des messagers, avec un anneau d'or, avec un cordon blanc et noir, avec des saluts qui me remplissent le coeur de joie.
 
IV. En toutes choses je me montre chevalier. Aussi le suis-je, et je sais tout ce qui convient à druerie (amour) car jamais vous ne vites si charmant [chevalier] en chambre, ni, les armes à la main, si terrible ni si puissant ; et pour cela m'aime et me redoute tel qui ne me voit ni ne m'entend.
 
V. Et si j'avais un cheval qui fût bon coursier, le roi [Alphonse II d'Aragon] vivrait tranquille vers Balaguer, et dormirait doucement et paisiblement ; car je lui maintiendrais en paix la Provence et Montpellier, tellement que brigands et cavaliers de rencontre ne lui dévasteraient pas l'Autavés ni la Crau.
 
VI. Et si le roi marche sur Toulouse, dans la grève, et si le comte en sort avec ses misérables soldats, qui ne cessent de crier : « Aspa ! et Ossau ! », je me vante de porter le premier coup ; et j'y frapperai de telle façon qu'ils rentreront deux fois plus vite, et moi avec eux, si on ne me ferme pas la porte.
 
VII. Et si j'atteins quelqu'un de ces jaloux, de ces intrigants, qui en dessous atteignent la supériorité d'autrui, et, ouvertement comme en cachette, abaissent joie, vraiment ils sauront quels sont les coups que je frappe, car leur corps fût-il de fer ou d'acier, ce ne leur vaudrait une plume de paon.
 
VIII. Dame Vierna, la merci de Montpellier (par M. ?), et vous, seigneur Rainier, maintenant vous aimerez un chevalier, et de ce que, par vous, mon bonheur s'est accru, je rends grâces à Dieu.

 

 

 

 

 

 

 

 

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