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Français
J. Anglade

I. Le temps rude et sauvage qui amène tempêtes et vents, qui troublent les éléments et font le ciel noir et livide, ne change pas mes désirs ; mais ma pensée est à la joie et aux chants, et je veux me réjouir davantage quand je vois la neige là-haut sur la haute montagne que quand les fleurs s'épandent par la plaine.
 
II. Dame, je suis content de vous, car vous êtes douce et aimable, et la plus avenante qu'on puisse célébrer ; aussi pour votre sagesse les connaisseurs disent du bien de vous et vous chérissent et mon amour va si loin que le coeur et l'intelligence me disent de rester avec vous, et si vous me causez du tort, de ne m'en plaindre à aucune autre.
 
III. Où que j'aille et d'où que je vienne, je fais votre éloge et je suis votre serviteur obéissant, comme il convient, car je suis auprès de vous pour faire vos volontés ; votre noble indulgence ne devrait plus me faire attendre ce qui me maintient en espoir : car puisque les Bretons ont recouvré Arthur, il n'y a pas de raison pour que désormais la joie me manque.
 
IV. Car qui vous voit et vous entend ne peut souffrir d'aucun chagrin. Ah ! dame, la vue de votre visage riant me subjugue tellement que, quand je vous entends parler, je ne puis tourner mes yeux ailleurs. Votre agréable compagnie me plaît tant que celle de toute autre femme m'est importune.
 
V. L'amour et la joie me tiennent, l'intelligence me modère, la beauté et la jeunesse me mettent en joie et votre noble personne, gaie et avenante, me protège de tous maux. De beaux sourires et un doux regard me font rire et jouer, courtoise compagnie me gagne et me retient, la joie parfaite m'enlève chagrins et soucis.
 
VI. De vers là-bas où croissent les hêtres il me vient un sujet de joie qui me met en gaîté ; car il honore le nom de Poitou et désormais le lâche hypocrite [Philippe-Auguste), avare dépensant mal, ne peut rien conquérir, quoiqu'il se peigne souvent. Quoiqu'il se farde, se mire et se pare, toute sa conduite ne vaut pas une châtaigne.
 
VII. Il a le coeur mou et creux et il vaut moins que rien; car malgré mille serments on ne le croirait point du tout. Les dents me font mal, quand je parle de telles gens — aussi j'aime mieux laisser ce sujet —, c'est-à-dire d'En Saüc, fils d'Albar, où Méchanceté se complaît, et dont la réputation ressemble à un fil d'araignée.
 
VIII. Au roi vaillant et cher [Alphonse II d'Aragon] je veux mander en ma poésie, que, s'il perd ici la Provence, il gagne peu pour le plaisir qu'il prend là-bas en Espagne.
 
IX. Frère, pour vous j'ai coutume de rire, jouer et chanter ; mais maintenant il me faut soupirer et me plaindre, car vous m'êtes hostile et étrangère.
 
Beau Sembelin, pour vous j'aime mieux la Cerdagne.

 

 

 

 

 

 

 

 

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