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Français
J. Anglade

I. Quoique l'été soit beau et agréable, je ne suis pas gai, car une tristesse me vient de là-bas d'où j'avais coutume d'avoir de la gaîté dans mon coeur : aussi je prise peu avril ni mai ; car celle qui avait coutume de m'honorer et de m'aimer devient indifférente. Et si je perds mes bonnes chansons, les belles paroles et les jolies mélodies que j'avais coutume de faire par amour, je ne sais de quoi je dois me réjouir.
 
II. Jamais de ma vie je n'ai enfreint ses conventions ou ses commandements ; mais je suis revenu trop tard ici où habite et demeure son beau corps ; aussi je crains que les médisants mauvais, qui font d'ordinaire de la peine aux amants et aux femmes, par qui la joie s'abaisse et tombe, ne me soient hostiles. Mais comme je suis habile à cacher mes sentiments, mon mérite devrait être plus grand, ce me semble ; mais elle veut chercher un prétexte à me reprocher.
 
III. Jamais Griffon (?) n'eut de si mauvais désirs ni de si désagréables, à mon avis, que celle que je connais ; aussi en ai-je douleur et effroi, au point qu'il s'en faut de peu que je ne m'arrache les yeux, quand je la vois ; elle me donne tant de crainte que je n'ose même pas lui parler. Puisque donc elle ne tient pas à moi, qu'elle reste comme si rien n'eût jamais existé ; car je ne puis la vaincre que par mes louanges et mon amour.
 
IV. Cependant, des ruisseaux (?) et des personnes j'ai dit cinq cents louanges agréables pour celle qui me traite le plus mal qu'elle peut ; c'est pourquoi je n'en dirai que du bien, car je ne pourrai pas [faire autrement]. Si je pouvais lui vouloir du mal, par Dieu, de tout mon pouvoir je serais méchant et orgueilleux envers elle ; mais je ne puis lui résister, car avec un sourire et un regard elle me fait m'oublier moi-même.
 
V. Il m'est pénible d'en parler ; cela me blesse et m'accable, au point que ma raison s'enfuit et se perd. Jamais je ne ferai de chanson, car je n'ai ni droit ni sujet d'en faire. Puisque je n'ai ni cœur ni volonté, comment puis-je chanter ou avoir de la joie ? Car de ma dame je n'obtiens aucune belle réponse, mais quand je pense lui dire des mots amoureux, elle s'en va et ne veut pas m'écouter ; voyez comme je dois m'efforcer [de chanter] !
 
VI. Mais un homme honteux sera difficilement riche ; la compassion et la volonté, avec un coeur sincère, rendent à l'occasion le parfait amant joyeux. Et qui prend ce que l'amour lui donne, si peu que ce soit, pourvu qu'il espère mieux, il n'est pas possible qu'un riche don ne vienne lui faire plaisir ; c'est pourquoi je loue les biens et les dons, le cou et les mains que me donna à baiser celle qui sait réparer les pertes.
 
VII. Dame Vierna, il m'est très pénible de ne pas pouvoir vous contempler souvent.
 
VIII. Seigneur Agout, je ne sais pas vous louer, mais j'orne mes vers de votre nom.

 

 

 

 

 

 

 

 

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