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Français
J. Anglade

I. Le Seigneur Jésus, qui fut mis en croix pour sauver la gent chrétienne, nous mande à tous d'aller recouvrer le saint pays, où il vint mourir pour nous. Si nous ne voulons pas lui obéir, là où finiront toutes les querelles, nous entendrons maint dur reproche.
 
II. Car le saint paradis qu'il nous a promis il veut maintenant le donner librement à ceux qui iront outre mer pour servir Dieu. Quant à ceux qui ne voudront pas le suivre, il n'y en aura aucun, brun ou blond (bai), qui ne puisse avoir grande frayeur.
 
III. Voyez l'état du siècle actuel : plus on le suit, plus on s'y attache pour sou malheur. Cependant je ne vois qu'un bon conseil : laissons le mal et prenons le bien. Puisque la mort viendra nous assaillir, personne ne pourra ni ne saura l'éviter : par conséquent, puisque nous mourrons tous certainement, celui-ci est bien fou qui mène une mauvaise vie.
 
IV. Je vois tout le siècle épris de tromperie et de fourberie. Les fourbes sont si nombreux qu'à peine règnent le droit et la bonne foi ; chacun s'efforce de trahir son ami pour s'enrichir. Mais les traîtres sont trahis, comme celui qui boit du poison avec du lait.
 
V. Catalans et Aragonais ont un seigneur [Pierre II] honoré et vaillant, franc, libéral et instruit, affable, hardi et courtois. Mais il laisse trop enrichir ses serviteurs que Dieu abaisse et confonde ! tous les jours ils sont aux aguets pour causer, à la Cour, dommages et embarras.
 
VI. Un roi honni [Philippe-Auguste] vaut moins qu'un paysan, quand il vit comme un lâche, regrette les biens qu'un autre dépense et perd ce que son père a conquis. Un tel roi devrait être tué et enseveli sans gloire, qui se défend comme un paralytique et ne donne ni ne reçoit de coups.
 
VII. Je n'aime pas les vieilles femmes, quand elles vivent d'une manière peu convenable, contraire aux lois d'Amour et de jeunesse ; elles ont tellement mis bas la vraie noblesse [des sentiments] qu'il est pénible de le raconter et de l'entendre. Elles ont si bien chassé [de leur milieu] la noble courtoisie qu'on n'en trouve plus chez elles la moindre partie.
 
VIII. Dame, vous me tenez si bien sous votre protection que je n'ai d'autre pensée que de faire votre commandement. Et si je pouvais vous servir agréablement, entre le moment où vous vous déshabillez et celui où vous vous habillez, jamais mal ne pourrait m'en advenir ; car vos paroles et vos reproches (?) ont pour moi la saveur d'une rose de mai.
 
IX. Roi de Léon [Alfonse IX], sans mentir, vous devez recueillir gloire et honneur, car vous semez en un champ mouillé d'amour et de douce satisfaction.

 

 

 

 

 

 

 

 

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