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Français
Joseph Anglade

I.—Le mal d'amour que j'avais antan va encore se ravivant; car je me sens venir au coeur une douleur et un désir angoissants, et le médecin qui pourrait me guérir veut me traiter par la diète, comme font les autres médecins.

II.—Et il pourrait me guérir sans peine, de manière que je ne souffre ni peu ni prou; cependant, quoiqu'il me fasse vivre dans la douleur, je ne lui en veux nullement; mais s'il retardait ma mort, ma vie serait à son service et je reconnais que ma mort lui causerait du tort.

III.—Et jamais cependant je ne me désespère, car en rien je n'ai jamais enfreint ses ordres et nul autre désir ne me fait changer; qu'il prenne garde à sa bonne renommée (m. à m.> à ce qui lui sera convenable): car Hippocrate, à ce que j'ai entendu dire, dit qu'un médecin ne doit pas se tromper, quelque conseil qu'on lui demande.

IV.—Donc, puisqu'il m'a pris en son pouvoir, qu'il n'aille plus me faire souffrir et qu'il veuille bien ne pas me faire mourir complètement; car qu'il ne pense pas, quoique je rie et que je chante, que je puisse le supporter longtemps; et elle ne pourra pas se cacher toujours la douleur qui se répand dans le coeur.

V.—Mais je patienterai en suppliant, en servant, souffrant et priant, jusqu'à ce qu'il daigne écouter mes prières; mais je crains bien une chose, s'il me fait observer la diète trop longtemps: je sens que mon coeur s'affaiblit au point que j'ai peur que l'âme s'en aille.

VI.—Mais s'il me faisait un bon accueil qui me mît du baume au coeur, encore je penserais pouvoir me remettre; car si je meurs, il sera bien coupable; aussi doit-il prendre garde et faire attention. Et s'il a le désir de me secourir, pour Dieu! qu'il ne tarde pas à le faire!

VII.—Car mon faible coeur va soupirant; il reconnaît que je me fourvoye et il me voit maigrir tous les jours; ainsi mon intelligence et mon corps vont changeant, comme si l'âme devait sortir du corps; et mes soupirs m'angoissent au point que peu s'en faut qu'ils ne viennent au dernier.

VIII.—Je prie Mon Ereubut et je lui mande qu'il fasse entendre ma chansonnette à la noble Comtesse honorée; et s'il s'y trouve quelque mot malséant, qu'on ne m'en tienne pas rigueur; car j'ai tant de tristesse et de souci que je ne sais ce que je dis.

 

 

 

 

 

 

 

 

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