Traduccions - Übersetzungen - Translations - Traducciones - Traductions - Traduzioni - Reviradas

202,003

Français
Almqvist, Kurt

I. Si je pouvais, je chanterais, au temps rude et pénible, quelque chose qui me soit profitable à l'avenir, quand les autres moissonneront. Car j'attends de mon labourage un fruit d'amour doux et précieux; et si, par bon­ heur, j'y parviens, vous trouverez difficilement mon égal.

II. Il y aura bientôt quatre ans que je suis le soupirant de dame Bona­ Nasques, comme(1) un homme banni de son pays(2) pour un crime [- - -].

III. [- - -] Et sachez qu'il arrive souvent, quand je veux dire un mot sur autre chose, qu'au beau milieu [du discours] ma mémoire défaille et que je ne sache plus où reprendre.(3)

IV. Et qui croira(4) que la bonne foi ne m'aide, quand j'implore merci [- - -]? Car jamais je ne crus l'aimer autant. Si donc elle n'a pas pi-tié de moi, qui pourra alors avoir confiance dans une dame? Car jamais depuis je ne voulus m'efforcer pour une autre(5), ni je ne me souciai de jouir d'un autre amour.

V. O mon Dieu! Celui qui le premier s'est épris d'amour(6), que ne s'y(7) est-il noyé, ou que ne lui est-il arrivé autre chose qui aurait amené les autres gens à ne pas suivre son exemple! Je brûle d'amour, et je ne sais que dire ni que faire; car le peu que je puis dire m'a ôté la faim, et peu s'en faut que je ne me consume de soif.

VI. Je prie Dieu et tous les saints(8) que meure cette année, de male mort et sans confession, celui qui, par ses médisances, nous a brouilles, ma dame et moi, et l'a faite me haïr! Car je n'ai de salut sans elle, et je ne puis continuer ma vie, si elle ne me donne bientôt le baiser qui embrase et étreigne mon cœur.

VII. Si quelque autre dame m'accordait de(9) m'étendre auprès d'elle, alors je pourrais dire que j'ai abandonné mon chagrin au pays d'Albi, quand je suis venu ici. Mais que d'autre pourrais-je en dire que ceci: je ne puis prétendre m'appartenir? Car elle me possède comme un esclave que son maître peut vendre et donner; je me considère comme sien.

VIII. Vous qui êtes franche, noble, gaie et courtoise, plus belle qu'aucune autre dame, ayez pitié de ce malheureux qui souffre tant depuis la tête jusqu'aux pieds! Et ne traitez pas longtemps encore Guilhem Adémar si durement! II est plus difficile à apprivoiser qu'un épervier mué ou pris dans les branches.

IX. Je ne commis pas de faute (dont vous puissiez m'accuser) en voulant demeurer, jusqu'à ma vieillesse, près de l'endroit où je vous vis.

X. Peironet, apprends, en compagnie de Nullet, à dire le « vers » agréablement et d'une voix claire, et dis qu' Albi me fait soupirer, parce que je n'ai jamais tenu ma dame dans mes bras!

 

(1) =en qualité de.
(2) =du pays de dame Bona-Nasques.
(3) «où je le laisse ni où je le prends.»
(4) = Et comment est-ce possible.
(5) « pour autre chose.»
(6) «Celui qui le premier plai;a son desir dans l'amour. »
(7) = dans cette entreprise
(8)« et tout ce qu'il y a de bien ».
(9) « Si je pouvais convenir avec quelque autre dame qu'elle me laissat. »


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Institut d'Estudis Catalans. Carrer del Carme 47. 08001 Barcelona.
Telèfon +34 932 701 620. Fax +34 932 701 180. informacio@iec.cat - Informació legal

UAI