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Français
Almqvist, Kurt

I. Je ne puis m'abstenir ni différer de chanter; je le fais tout de suite, puisque je vois l'été revenu: les vergers sont blancs, comme s'ils étaient chenus, et les prés verdoient. Alors un amour me tient si fort en son pou­ voir, par le seul espoir qu'il m'a donné d'un accord, (- songez donc à ce que je ferais si j'avais obtenu quelque avantage effectif! -) qu'à peine je veux trouver de la joie dans un autre [amour].

II Avec condescendance, elle m'a retenu dans son service, celle qui m'a conquis comme ami; en peu de temps elle m'a connu beaucoup mieux qu'une telle pour laquelle j'ai fait de longs efforts. Un proverbe ancien(1) me dit: « Celui qui attend l'occasion et n'agit pas quand elle se présente, tant pis pour lui s'il l'a manquée.» Un long retard a troublé maints accords.

III. Par là(2), elle m'a rendu la joie et a restauré et amélioré mon savoir; car, par ce mot(3), je crois avoir compris qu'elle veut bientôt me rendre heu­ reux par son amour. En cela, je vois un bien me venir(4) de la part des calomniateurs: en croyant me faire du mal, ils m'ont fait du bien. Je leursais gré à propos de dame « Mala-merce », car maintenant je suis sauvé, échappé à son pouvoir.

IV. Avez-vous jamais vu pareille affaire arriver à personne? Écoutez comment cela s'est passé! Mes ennemis m'ont été deux fois plus utiles qu'ils ne l'eussent été s'ils m'avaient aimé. Avez-vous jamais vu des gens aider de cette manière? Je les hais mortellement, et eux me haïssent de même; et pourtant ils m'ont sauvé des tourments et du danger.(5)

V. Maintenant, j'ai, par ma foi, conduit mon navire au bon port du salut; j'ai abandonné le plomb et l'étain et échangé mon argent contre de l'or pur. Car une des femmes les plus jolies du monde m'a promis - et cela ne m'est point désagréable - de m'accorder son amour et de me rendre heureux avec un baiser(6); et elle est si noble qu'un roi en serait honoré.

VI. Pour cette raison, je me tiens pour très heureux et n'envie per­ sonne au monde, si, un soir, ma dame veut m'accueillir, vêtu ou nu, étendu à son côté, à la place de son mari. Jamais ne fut fait à un homme de mon rang honneur semblable à celui qui m'écherra, s'il m'est donné de contem­ pler, en l'embrassant, son corps blanc, plein, svelte et lisse et de le tenir entre mes bras.

VII. Si le roi Alphonse, que les Mahométans redoutent, et le meilleur comte de la chrétienté levaient une armée - puisqu'ils ne sont pas encore partis - au nom de Dieu, ils feraient une très bonne action en combat­ tant les traîtres païens Sarrasins, pourvu que l'un d'eux emmenât avec lui le seigneur mari, qui enferme et garde [ma dame]; ils n'ont pas de pé­ ché qui [, alors,] ne leur soit pardonné.

VIII. Je resterai et n'irai pas ailleurs; je ne tournerai pas mon frein d'un autre côté. Que jamais personne de vous ne me demande pourquoi! Car je ne vous laisserai jamais dévoiler mon secret.

(1) «des ancêtres».
(2) = Par les bienfaits mentionnés dans la première moitié de la strophe II.
(3) = (probablement) un mot par lequel elle lui a donné l'<• espoir ... d'un accord>> mentionné dans la strophe I.
(4) «En cela, je reconnais un bien. »
(5) «ils m'ont tiré d'une situation où [sans eux] je souffrirais toujours du tourment et serais en danger».
(6) «me faire cadeau d'un baiser ».

 

 

 

 

 

 

 

 

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