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Français
Almqvist, Kurt

I. Je chanterais avec grande joie et volontiers une chanson facile pour me donner de l'allégresse, si je savais que le chant et la gaîté pussent don­ ner de la joie à mon cœur. C'est l'opinion commune, et je l'entends constam­ ment énoncer, que tous les amants parfaits sont joyeux; car la joie d'amour est si fine et si pure que personne ne possède un bien, sinon le parfait amant.

II. Mais moi, le désir d'amour me tue, qui me possède et m'a possédé depuis très longtemps; car, avec des mines agréables et.des paroles ave­ nantes, la plus belle qui jamais naquît de mère m'a mis au cœur le feu d'ar­ dent amour. C'est pourquoi je me fais un bonheur de mon tourment; ainsi que l'or, plus je brûle, plus je deviens pur à l'égard de l'amour qui me cause du chagrin et de la souffrance.

III. Il vaudrait mieux que ma pensée fût ailleurs, auprès d'une personne dont j'eusse quelque joie; car de celle qui oriente mon souci, je n'attends que tristesse et chagrin. Mais j'obtiendrai ceci (car elle est la plus belle) qu'un bon espoir adoucira ma douleur, un espoir qui me promet de la joie: il me semble qu'avec la pitié, un suppliant sincère doit bien trouver l'amour.


IV. Vous qui êtes gaie, droite, gracieuse, noble et sincère, par Dieu! ayez de la bonne grâce à mon égard! Je suis pareil au navire que chasse la tempête et qui sur la mer souffre peine et tourment et qui, enfin, n'a d'autre secours que Dieu, qui est le Guide: l'amour que je vous porte m'a mis en grand péril. Vous, ma dame, à qui je suis soumis, conduisez-moi à bon port! J'en appelle à votre noblesse.

V. Si de belles louanges m'étaient utiles ou nécessaires à l'adresse de ma dame, j'en ferais volontiers; mais on ne peut exprimer - tant il est éminent ----'- son certain et précieux mérite. C'est que Nature, qui sut la créer si gracieuse, en en faisant la plus belle et la meilleure, mit en elle toutes les bonnes qualités du monde. C'est pourquoi je ne puis m'appro­ cher d'une autre.

VI. Malheureuse journée que celle où j'aperçus la belle au visage sou­ riant!(1) Car jamais depuis je ne fus maître(2) de mes yeux ni de mon cœur, puisqu'ils me fuient toujours. C'est qu'ils ont établi leur demeure auprès d'elle; envers moi ils sont félons et traîtres: ils ne me rapportent d'elle ni jeu ni rire ni nouvelles dont mon cœur puisse s'égayer.

VII. Seigneur Monal, je prie Dieu, notre vrai Maître, qu'II accroisse votre honneur et qu'II vous accorde de vaincre tous vos ennemis et de re­ couvrer le patrimoine que possédait le comte votre père.

VIII. Seigneur Monal, je ne crois pas que le moment soit très éloigné où je verrai Raimond, mon seigneur. Depuis trop longtemps, ce me semble, j'ai été séparé de lui. Il est le chef et le maître de Mérite.

(1) «Mais le premier jour où j'aperçus ... fut mauvais pour moi.»
(2) «coseigneur ».


 

 

 

 

 

 

 

 

 

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