Traduccions - Übersetzungen - Translations - Traducciones - Traductions - Traduzioni - Reviradas

218,001=128,001

Français
Almqvist, Kurt

I. Seigneur Eble, choisissez, sur le champ, ce qui vous paraît être le meilleur parti: lequel des deux a plus de souci, de préoccupation et de peine, celui qui doit beaucoup et ne peut payer - et à qui ses créanciers ne veulent pas faire crédit - ou celui qui a placé son cœur et son amour en une dame qui ne lui fait rien qui lui soit agréable? Choisissez! Moi, je sais qui des deux se lamente davantage.

II. Guilhem Aimar, jamais de ma vie personne n'a plus souffert pour l'amour que ce que j'ai souffert et souffre toujours, et je ne crois pas que personne de mon rang ait plus de dettes que moi. C'est pourquoi je sais, par ma propre expérience, que la douleur d'un amant n'est point compa­ rable à la douleur d'un homme endetté; car il n'y a rien qui soit plus insup-portable que de s'entendre dire par tout le monde: «Paie-moi! Paie!»

III. La douleur d'un amant ne peut se comparer à la douleur(1) dont vous parlez, Seigneur Eble: celui-là souffre cent fois plus de chagrin et d'inquié­ tude, qui aime une dame qui ne veut l'aimer, que l'autre, qui doit payer de grosses sommes. Tout le monde sait que personne ne mourra jamais d'une dette, pourvu qu'il soit aimé; mais d'amour on meurt plus vite que de toute autre plaie.

IV. Guilhem Aimar, quand les créanciers rôdent constamment autour de moi et me poursuivent, et que l'un me tire et que l'autre me saisit, et que tous m'appellent trompeur, alors je voudrais mourir sur le champ. Je n'ose m'arrêter sur la place, quand j'ai revêtu un habit de couleurs [gaies], car je ne vois personne qui ne me tire la langue. Si, par contre, je souffre d'amour, il est légitime que cela me plaise.(2)

V. Donc, Seigneur Eble, les serviteurs des dames, les gens gais, courtois et plaisants seront de mon côté au jugement; et du vôtre seront les contribuables et les gens qui ne savent faire rien d'autre que d'amasser des biens misérables. Les dettes vous effraient, et il semble qu'un jeune homme de haut rang, qui s'inquiète de ses dettes, doive porter(3) un cilice dans sa vieillesse.

IX. Par la foi que je dois à Notre-Seigneur, un homme endetté qui es­ saie de courtiser une dame, est tellement perdu que sa dette lui ôte tout courage.

X. Seigneur Eble, il faut qu'un jeune homme qui aspire à l'honneur, et qui aime une dame, en tire de la considération et qu'il dépense et donne jusqu'à ce qu'il ne lui reste plus une culotte.

(1) « l'autre [douleur]».
(2) = ce mal est un plaisir à côté de l'autre.
(3)«ait».

 

 

 

 

 

 

 

 

Institut d'Estudis Catalans. Carrer del Carme 47. 08001 Barcelona.
Telèfon +34 932 701 620. Fax +34 932 701 180. informacio@iec.cat - Informació legal

UAI