I. — Je suis tant accablé de soucis et de préoccupations que je sais bien que ni jeux ni divertissements ni chansons ne m'auraient point plu cette année. Mais On-tot-mi-platz veut que je chante et il me plaît d'obéir à ses ordres.
II. — Autrement je n'ai nulle gaîté ni joie parfaite. Je me trouve bien pis que l'année passée. Et si c'est ainsi que mon sort s'améliore, il m'eût bien mieux valu mourir le cœur joyeux que de vivre, comme à présent, dans le malheur.
III. — Celui-là a une vie tranquille et paisible et il endure moins de tourments qui n'aime que pour tenter sa chance et non pas au point d'en mourir. Mais moi, je me suis laissé enchaîner, entre jeux et plaisanteries, et à présent j'y ai perdu tout bon sens.
IV. — Car la grande beauté, la grâce et la gaîté et l'excellente réputation et la grande noblesse que possède ma dame — dont je suis le serviteur respectueux — m'ont mis dans des liens qui me font craindre bien de grands tourments si la clémence de ma dame ne me secourt pas.
V. — Le gage qu'elle me donna en m'embrassant me fit un tel honneur que son souvenir me réjouit, bien qu'il ne me délivre pas de mes maux. Mon cœur se contente du charme mensonger de ma dame ; elle me les dit si gentiment que ses mensonges me paraissent de la vérité.
VI. — Je suis fort attristé et chagriné d'une affaire dans laquelle nous autres, de ce pays, avons subi un grand dommage, an sujet de l'aimable dame comtesse de Burlats, que nous perdons, ce me semble, si Dieu ne nous la rend pas.
VII. — Nous trouvons beaucoup de réconfort en la personne d'On-tot-mi-platz, car celui qui la voit souvent ne peut pas être attristé.