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Français
István Frank

I. — Je ne pensais pas que j'allais chanter cette année, à cause du dommage que j'ai subi, quoique cela me fasse de la peine, et je regrette d'en avoir reçu l'ordre d'On-tot-mi-platz, de madame Marquesa. Mais puisque c'est à elle que j'ai promis ma chanson, je dois en faire une qui soit gracieuse et gaie et réussie, car je sais bien que si ma chanson lui plaît, on l'apprendra et l'on la chantera à maints endroits honorables.
 
II. — J'ai beau dépenser tous mes efforts, je ne réussis guère à me donner une contenance, si grand est le chagrin qui brûle dans mon cœur. Si elle ne daigne pas réparer rapidement mon dommage, elle qui a conquis mon amour, jamais, tant que je vivrai, je ne me chargerai de la peine de requérir d'amour une autre dame.
 
III. — Je n'en requerrai aucune autre, car jamais je n'en ai aimée d'autre. A Dieu ne plaise que jamais je me fasse le déshonneur de me tourner vers une autre en abandonnant ma dame. Je l'aimerai toujours, d'un amour fidèle et sincère. Je suis livré à sa merci au point que si elle ne m'aide à recouvrer ma joie, je vous jure que jamais, tout seul, je n'arriverai à l'obtenir.
 
IV. — Je l'obtiendrai cependant, cette joie, si elle le veut, et très bientôt, car je ne crois pas qu'elle veuille ma déchéance. Je n'ai aucune crainte à ce sujet, puisque, comme on dit, mal agit qui est désespéré. Ah, douce personne, gracieuse, courtoise et gaie, c'est pour vous que je soupire et que je pleure souvent, parce que vous ne sentez pas la grande douleur que je ressens. El je n'ai aucun ami qui puisse vous en parler de ma part.
 
V. — Mais je parle souvent de vous, madame, quand je suis en compagnie de celui à qui j'ose ouvrir mon cœur et conter vos grandes beautés et vos actes si louables, que tout le monde admire... [lacune]... jusqu'à ce que le compagnon m'abandonne. Lui parler de vous m'est si doux, et je ne tire aucun autre réconfort de mon dommage !
 
VI. — C'est pour moi un gran dommage que je n'aie pas le pouvoir d'aller voir à présent celle qui a retenu mon cœur en gage. Je demeure ici d'où j'envoie toujours toutes mes chansons, puisqu'elle les veut, par habitude, On-tot-mi-platz, la belle de haute noblesse. Je n'aurais point aimé chanter si ce ne fût pour elle : car quiconque la voit, qui contemple ses belles manières, est transporté de joie et d'allégresse.
 
VII. — Sire Tot-mi-platz, j'ai pour vous beaucoup d'affection et je vous aime beaucoup, sans aucune réserve ; après ma dame, je n'aime personne autant que vous. Il est bien juste qu'elle ait sur vous la priorité.

 

 

 

 

 

 

 

 

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