I. Peire Salvagge, en de pénibles pensées me font demeurer en ma maison les fleurs qui, sans considérer droit ni raison, veulent passer ici. Je demande donc à ceux du Carcasses et de l'Agenais, je demande aux Gascons qu'il leur déplaise si les fleurs, me font diminuer mes domaines. Mais tel s'imagine ici gagner des indulgences, à qui ces indulgences causeront une grande perte.
II. Et mon neveu, qui a coutume de porter des fleurs, veut changer — ce qui ne me plaît pas — ses armoiries ; nous entendons raconter qu'il se fait appeler roi d'Aragon. Toutefois — quel que soit celui à qui cela plaise ou déplaise ! — mes « jacques » se mêleront aux tournois ; et plaise à Dieu que le plus juste soit vainqueur ! Car, pour ma part, je n'échangerai jamais contre le flacon du Breton les armes du bâton.
III. — Si ma Dame, qui possède un corps charmant, rempli de tous les biens, Salvagge, voulait me venir en aide et m'offrait quelque secours de sa personne, il ne me faudrait aucune armure contre les ennemis, sous la seule réserve que je puisse voir son plaisant visage.