I. [Monseigneur Pierre] : Lorsque je vois venir Peyronet pleurant, en compagnie d'Arnau le Tricheur (1), je conçois de la crainte au sujet de tous mes amis ; et je leur demande, avec une grande terreur : « Dites-moi, amis, comment se portent mes parents et le roi, mon seigneur? ».
II. Si l'on vous a fait honte ni dommage, ou si vous avez rencontré des voleurs, dites-le, car vous serez vengés par maint homme de valeur ; transformez donc vos larmes en chansons, et parlons d'armes et d'amour!
III. [Peyronet] : Vous avez eu bien plus grand peur l'autre année, en me voyant fuir sur un coursier de prix, lorsque vous avez vu devant vous, Seigneur Pierre, l'enseigne aux couleurs d'Anglesola ; je puis donc dire : « A bon entendeur, salut ! ».
IV. L'autre année, Seigneur, vous avez chassé votre adversaire d'Anglesola avec dépit et déshonneur, et vous ne lui avez rien demandé ; c'est pourquoi je suis venu ici en pleurant, et, avec moi, Arnau le Tricheur.