I. Il ne faut pas que je conçoive des inquiétudes à cause de la guerre, et il n'est pas juste que je me plaigne de mes amis, car je vois mes parents venir à mon secours, et chacun se met en peine et fait des efforts pour mon honneur, afin que mon nom ait, à travers le monde, une plus grande réputation. Et, s'il semble que certain se sépare de moi, je ne l'en blâme pas, car, dans une telle pensée, il montre ouvertement que mon lignage perd l'honneur et le mérite.
II. Mais je puis faire retentir la renommée des Catalans et de l'Aragon au-delà de l'Allemagne, et noblement achever ce que mon père a entrepris. Je crois que la possession du royaume me revient de droit ; et, si, pour cela, quelque parent (Jacques II) tente de me nuire afin d'accroître son brillant honneur, il pourra bien m'attaquer ouvertement, car, endormi comme éveillé, je n'ai pas d'autre désir.
III. Ebble, va dire à celui à qui il plaira de l'écouter que la seigneurie des Latins (les Siciliens) me satisfait ; c'est pourquoi, moi, je les aurai, et, quant à eux, ils m'auront certainement. Mais quelques uns de mes parents agissent un peu hypocritement envers moi !
Réponse du comte d'Ampurias :
I. Au roi digne d'honneur, Frédéric III, va dire qu'il ne convient pas qu'un noble cœur manque de puissance pour quelque cause que ce soit (?), et je peux bien lui garantir que je ne pense pas que, cette année, lui vienne le secours des parents qu'il attend du côté de l'Espagne, mais, dès l'été prochain, qu'il compte bien avoir ce secours, ainsi que celui de ses amis, et qu'il tienne l'œil ouvert afin de l'accueillir au su de tous (?).
II. Et que (le roi Frédéric) ne pense pas que son parent (Jacques II) désire qu'il fasse une perte telle que le royaume lui échappe, ni que ce parent veuille abaisser son honneur pour enrichir les Français, qui ont dû abandonner la plaine et la montagne. Que Dieu les confonde et ruine leur orgueil ! Mais que le roi et les Siciliens se tirent avec honneur de l'aventure, et qu'ils défendent bien les lieux habités et les déserts : qu'ils soient prompts à le faire !
III. Quant au jeune roi, il me plaît qu'il ne s'inquiète pas pour des paroles, pourvu qu'il mène à bonne fin la conquête de son père ; et, s'il la conserve, nous le regarderons comme habile.