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194,012

Français
Jean Audiau

I. — Je ne pensais jamais trouver personne qui pût réparer les dommages que j’ai subis ; mais je voulais au contraire jurer de ne plus m’occuper d’amour et de ne jamais plus faire de chansons ; mais vous, dame, vous que j’ai choisie, vous avez tant de valeur que vous pouvez réparer le mal que j’ai souffert, fût-il deux fois plus grand. Voilà pourquoi je chante.
 
II. — Aucune femme ne vous égale, qui puisse me donner de la joie, et dont je veuille en recevoir ; mais vous me faites chanter, simplement parce que vous m’avez promis votre protection grâce à laquelle, douce créature, je serai désormais riche et honoré toute ma vie, et dont maintes gens vous sauront gré ; car bonne protection fait grand honneur à ceux qui la reçoivent ef à ceux qui l’accordent.
 
III. — Dame, au lieu de courtiser, j’aime sincèrement, et je sais être discret et me montrer reconnaissant du mal et du bien qu’on me fait ; jadis je me plaignais s’il m’arrivait quelque mal ; mais je ne serai plus discourtois, en dépit des méchantes gens distinguées ; je ne le dois pas, du reste, puisque je vous ai choisie telle que, peu ni prou, il n’y a point en vous de fourberie ; mais que votre cœur est bien ce qu’il paraît.
 
IV. — Et je n’ai pas besoin d’avoir peur, quelque œil qui me regarde, et quelques choses qui se produisent jamais, et l’on prête généralement attention à sa plaie ; mais souvent — c’est ainsi que me traite le doux mal courtois — il advient qu’amour, telle est sa destinée, lorsqu’il frappe d’un seul côté, guérit ensuite sa victime ; et moi, il m’a tellement blessé qu’il m’a guéri du mal d’antan.
 
V. — Je peux bien me vanter, que, en riant et en jouant, sans plus, car jamais je n’eus de vous d’autre faveur, vous m’avez fait oublier le désir et la pensée désagréable de celle qui ne m’aimait point, puisqu’elle a failli à mon espoir, à son grand tort. Mais une blessure, lorsqu’elle est complètement guérie, fait bien souvent souffrir de nouveau, surtout une blessure d’amant !
 
VI. — Noble comtesse, tout le monde proclame que vous n’avez jamais commis la moindre faute ; vous ressemblez plutôt à peu de chose près (c’est pourquoi je vous aime tant) à celle pour qui je chante.

 

 

 

 

 

 

 

 

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