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194,014

Français
Jean Audiau

I. — L’autre jour, par hasard, j’allais tout seul, à cheval, notant une mélodie ; je rencontrai une aimable jeune fille simple et de beau visage, qui gardait ses agneaux ; et quand elle m’entendit chanter, elle s’avança, prit mon cheval par le frein, jurant que jamais je ne fis si mauvaise chanson, et cria à Robin de ne pas s’en aller.
 
II. — « Jeune fille, belle créature, fis-je, quel crime ai-je donc commis envers vous du fait que je chante ? » Elle répond avec humeur : « Parce que vous avez accusé de fourberie celle qui était fidèle et pure. » Et Robin vint à ce moment, menaçant ; mais quand il me vit, il me rassure, et me dit que je ne subirai nul dommage, car j’en ai eu ma part cette année.
 
III. — Mais, quand elle vit qu’il n’a point souci de me faire quoi que ce soit de malséant, elle s’en va en pleurant et Robin dit en soupirant : « Merci et droiture servent à bien peu de chose, quand les femmes ont le pouvoir ; c’est pourquoi je tiens pour fol amant celui qui les courtise, car leur nature est telle qu’elles veulent nous faire supporter les conséquences des fautes qu’elles commettent. »
 
IV. — « Robin, laissez làvos plaintes, et cherchez, je vous l’ordonne, une amie qui ne vous trompe pas ; et moi j’aimerai Durand qui veut me donner une ceinture qui vaut bien un besant, tandis que vous ne me donnâtes même pas un gant cette année ; et vous n’êtes pas indigné de l'inconvenance de ce faux et vil médisant pour lequel vous m’accusez. »
 
V. — Mais Robin, follement, quoi qu’il ait dit auparavant, s’humilie ; mais elle feint de ne pas l’entendre, et fuit, au contraire, plus il la supplie, et le sot la suit en priant. Et moi qui regarde ce qu’ils vont faire, je me mets à leur suite au petit trot ; mais je ne me hâtai pas assez cependant pour ne pas les rencontrer échangeant des baisers.
 
VI. — Et ils me dirent en se moquant de m’en aller querir merci et droiture auprès de celle dont j’ai médit dans mes chants, et de renoncer à la calomnier.
 
VII. — Et moi qui les vis s’étreindre et se donner des baisers, je prie Dieu qu’il me donne la chance de trouver une dame sans fausseté, avec laquelle je puisse faire ce qu’ils font.

 

 

 

 

 

 

 

 

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