I. J'aime tel qui est bon et beau ; je suis joyeuse comme l'oiseau blanc qui, par amour, crie sa chanson, et je suis Dame et je règne — et que celui que j'aime ne se le reproche pas, car, au-dessus de toutes les autres, je suis la mieux aimante ! J'ai choisi le plus digne, le meilleur du monde, et je l'aime tant que, par la pensée, je crois le voir et le chérir. Et, comme ce n'est pas vrai, un si grand désespoir me frappe — lorsque je le sais là-bas, vers la France ! La nostalgie et l'immense désir que j'ai pour vous risque de me tuer, mon doux et cher Seigneur. Et peut-être pourrai-je bientôt mourir pour vous, que j'aime et désire tant, si je ne vous vois promptement revenir ici, tellement se font attendre les étreintes, et votre entretien et toutes choses ! Et lorsque je pense que vous êtes parti et que vous ne revenez pas, et parce que vous vous êtes éloigné, mon cœur vit quasi désespéré ; il s'en faut de peu que je meure si je n'ai bientôt quelque secours.
II. Grâce, mon époux, car je supporte en souffrant les maux que vous me donnez ; aussi, revenez, car nul trésor ne vaut un cœur qui se meurt pour vous dans une amoureuse pensée !