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Français
Gérard Gouiran

I - Quand la nouvelle fleur paraît sur la branche, rendant vermeils, verts et blancs les rameaux, avec la douceur que me fait sentir la nouvelle année, je chante de même que les autres oiseaux ; en effet, je me considère comme un oiseau de bien des façons, car j’ose désirer tout ce qu’il y a de mieux au monde. J’ose le désirer et avoir le cœur plein de désir, mais je n’ose pas lui dire ce qui est dans mon cœur ; je le lui cache au contraire.
 
II - Moi, je ne suis pas amant et je ne soupire pas d’amour au point d’en parler en quelque façon à une dame ou de l’en prier et je ne fais la cour à personne ; et j’y gagne tout autant, car des médisants menteurs, fâcheux, scélérats, grossiers, rustres et malappris ont parlé de moi, tant ils sont officieux en cette matière, de façon à faire croire que la plus gracieuse du monde me tienne gai, plein de joie et de désirs.
 
III - Comme, sans dame, on ne peut pas faire de chanson d’amour, je ferai en revanche un sirventés frais et nouveau. Puisque nos barons croient corriger le seigneur de Bordeaux en lui faisant la guerre, et le rendre affable et courtois par la force, il ne sera pas convenable de sa part de ne pas se montrer encore si rustre que chacun se réjouisse d’en obtenir une réponse ; et qu’ils ne se chagrinent pas s’il les dépouille ou les tond avec soin !
 
IV - Ce sera une honte pour lui s’il perd ainsi sa peine en Limousin où il a tiré tant de carreaux, détruit et démoli tant de tours, tant de murs, tant de parapets, rasé tant de châteaux, pris, donné et dépensé tant d’argent, frappé, reçu et reçu tant de coups, supporté si souvent la faim, la soif et la fatigue comme il l’a fait d’Agen jusqu’à Nontron.
 
V - Rassa, beaucoup de gens continuent à se plaindre de vous en Limousin, d’ici à Montmoreau ; pour votre profit, vous leur avez causé préjudice, à ce que m’ont dit Aimar, le seigneur de Martel, Taillefer, Foucault et Geoffroy et tous ceux qui avaient fait un accord avec vous. Ce n’est pas grâce à vous qu’ils ont obtenu les traités actuels ; ils en remercient le comte Raimon, là-bas.
 
VI - Sirventés, rends-toi auprès de Raimon Gauceran, à Pinos, là-bas, car dans mon discours je lui déclare que sont très élevées ses paroles et ses prétentions à propos de celle qui tient Cabrera et est d’Urgel. Je remercie mon Frère de Berguedà et lui rends grâce de la joie parfaite qu’il m’a procurée au point de m’emplir le cœur de joie, lorsque nous nous sommes séparés tous deux sur le bout du pont.
 
E - De même que les oiseaux sont au-dessous de l’alérion, les autres dames sont au-dessous de la plus gracieuse du monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

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