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Français
Gérard Gouiran

I - Puisque les barons sont chagrins et irrités de cette paix qu’ont faite les deux rois, je composerai une chanson telle que, une fois qu’on l’aura apprise, chacun sera impatient de guerroyer. Et je n’aime pas qu’un roi vive en paix, dépouillé de son patrimoine, ni qu’il renonce à faire valoir ses droits tant qu’il n’a pas conquis ce qu’il demande.
 
II - On considère qu’ils ont tous deux commis une bassesse en concluant un accord qui avilit chacun d’eux. La couronne française possède cinq duchés, et, si vous les comptez, il en manque trois. De Gisors, elle perd la rente et le revenu et, de ce côté, le Quercy reste dans le désordre, de même que la Bretagne et le pays angoumois.
 
III - Une paix semblable n’est certes pas pour augmenter sa gloire, pas plus qu’une autre qui soit de nature à lui nuire ; et il ne devrait pas souffrir qu’on rabaisse sa puissance, car le roi Henri a ramené Issoudun dans son parti et sous sa domination. Je ne crois certes pas qu’il se reconnaîtra pour son vassal s’il lui diminue d’un buisson le fief d’Angers.
 
IV - Si le roi anglais a jamais accordé un don ou une libéralité au roi Philippe, il est juste que celui-ci l’en remercie, car il a tant fait donner de la monnaie anglaise qu’en France, le prix des sacs et des ceintures en a augmenté ; et ce ne furent pas des Angevins ou des Manceaux, car les premiers contingents qui vainquirent les Champenois étaient de sterlings.
 
V - Guerri le Roux dit des paroles courtoises quand il vit que son neveu avait pris peur : tant qu’il ne s’était pas armé, il aurait voulu que la paix fût conclue, mais, une fois qu’il fut en armes, il refusa de négocier ; et il ne ressemblait pas au seigneur d’Orléans qui s’est montré plus intraitable lorsqu’il n’était pas armé que lorsqu’ il eut mis sa ventaille sur la tête.
 
VI - On tient pour une marque de faiblesse qu’un roi en armes sur le champ de bataille aille chercher à négocier. À ce qu’on me dit, les Bourguignons et les Français ont bien troqué l’honneur pour la cupidité. Et par la foi que je vous dois, mieux vaudrait au roi Philippe avoir donné le signal de l’attaque que de négocier tout armé sur la grève.
 
E - Va, Papiol, de ma part tu porteras tout droit mon sirventés au-delà de Crépy-en-Valois, à mon Isembart en Artois.
 
E’ - Et dis-lui que je suis soumis à une dame telle qu’il peut jurer des deux mains sur la religion qu’elle est la meilleure et la plus courtoise du monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

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