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Français
Gérard Gouiran

I - Je composerais volontiers un sirventés si l’on voulait entendre chanter que sont morts le mérite, l’honneur et le bien ; et si je pouvais les venger, moi, il y aurait tant de morts et de prisonniers que, à moins que n’arrivât la fin du monde, autant n’en pourraient noyer toutes les eaux ni brûler tous les feux du monde.
 
II - Si ce n’est ni tort ni folie, ce que vous m’entendez dire dans mon chant ? En effet, Dieu donne la rente et le revenu (et il doit bien savoir comment s’y prendre) en fonction de l’homme et de son bien. Mais sans mesure, il n’y a rien : celui qui veut outrepasser la mesure ne peut faire croître la valeur de ses actes.
 
III - Il y a des royaumes, mais non des rois, et des comtés, mais ni comtes ni barons; il y a bien des marches, mais non des marquis, et de puissants châteaux et de belles demeures, mais les châtelains n’y sont pas ; il y a de l’argent plus qu’il n’y en eut jamais ; les vivres sont abondants et la nourriture maigre par la faute de grands seigneurs vils et cupides.
 
IV - De belles personnes, de beaux vêtements, on en peut voir et trouver en quantité, mais Ogier le Danois n’y est pas, on n’y voit ni Bérard ni Baudoin. Nombreux sont les gens à la chevelure bien peignée, aux dents polies, à la moustache aux lèvres, mais il n’y a personne qui sache aimer, tenir une cour, pratiquer service d’amour ni largesse.
 
V - Hélas, gens débiles ! Où sont les hommes courtois qui faisaient le siège des châteaux et qui, des semaines et des mois, tenaient leur cour avec un aimable comportement et faisaient de riches présents sans manquer aux autres dépenses envers le soudoyer et le jongleur ? Où puis-je en voir un seul ? Voilà ce que j’ose dire !
 
VI - Si le roi Philippe, le roi des Français, a voulu faire présent à Richard de Gisors, haut lieu et haut pays, Richard lui en doit de grands remerciements. Mais si Philippe était dans les mêmes dispositions que moi, Richard ne pourrait bouger les talons pour lui nuire sans trouver bataille. Et, puisqu’il ne le veut pas, qu’il laisse Richard le ferrer !
 
E - Papiol, hâte-toi, dis de ma part à Richard qu’il est un lion. Et le roi Philippe me semble un agneau, lui qui se laisse ainsi dépouiller de ses biens.

 

 

 

 

 

 

 

 

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