I - Jamais elle n’a pu s’attirer de honte plus grande qu’en me congédiant et en me prenant en aversion. Et puisque l’a voulu ainsi ma dame et qu’il lui plaît de rompre notre lien et de m’abandonner, je n’éprouve aucun préjudice si elle couche les enfants d’autrui dans mon berceau : moi, je suis grand !
II - Esprit insensé, et comme elle t’ensorcelle, tu le souffres ! Et tu agis comme un vrai fou, car elle se dépouille de toute joie, se nettoie et se lave de tout mérite. Qu’à jamais soient abandonnées la pompe de l’amour et sa célébration, car si elle le veut, je le veux deux fois plus.
III - Le seigneur qui possède Mantes et Murol, d’autour femelle est devenu tiercelet; pourvu qu’il ne reste pas ici ! À lui seraient, s’il partait là-bas, Édesse, Trevagan, Alep et la Syrie et il convertirait les Persans.
IV - Rends-toi auprès de mon Oui-et-Non, Papiol : il règne sur Bristol, Northampton, le Sussex, Londres, Titgrave, Carhaix, Rouen, Thouars et Caen. Puisqu’il a tout ce qu’il désire, qu’il se précipite ici !
V - Entre la Dordogne et la Charente, il se montre trop mou, à ce que m’a dit Auriol, car il n’y a pas encore fait de conquête. Et il sera couvert de honte s’il s’apaise et laisse prospères, gras, rebelles et puissants ceux qu’il n’aime pas.
VI - Il brandit hanaps, coupes, brocs d’argent et chaudrons et il s’adonne à la chasse au bord des rivières et en forêt, lui qui avait coutume ici de prendre et de donner ! Il ne faut pas qu’il se détourne des souffrances : mêlées et tumulte, guerres et trouble seront à son avantage.
E - Beau-Seigneur, vous ne serez qu’un trompeur si vous n’éprouvez pas de souffrance devant mon malheur.
E’ - Marinier, c’est la tromperie qui enlève l’amour aux amants.