I - Voici la gracieuse saison où aborderont nos vaisseaux et où viendra le roi Richard, intrépide et valeureux comme jamais. Alors nous verrons dépenser or et argent, faire débander et détendre les catapultes, effondrer les murs, abattre et renverser les tours et enchaîner les ennemis capturés.
II - Il ne me plaît pas du tout que nos barons aient prêté je ne sais quels serments. Ils en seront honteux comme le loup pris dans le lacs quand notre roi pourra remplir ses promesses parmi nous ; la seule défense de chacun d’eux sera de dire : “Moi, on ne peut me reprocher d’avoir manqué à ma parole, mais je veux me soumettre à vous”.
III - J’aime à voir la mêlée des boucliers couverts de peinture blanche et bleue, des enseignes et des gonfanons de diverses couleurs, les tentes à cordes et à poutrelles, les riches pavillons se dresser, les lances se rompre, les écus se percer, les heaumes polis se fendre et les coups s’échanger.
IV - Je n’aime pas la société des routiers, ni celle des putains vénales. Un sac de sterlings et de moutons me rebute lorsqu’on les a obtenus par la fraude. Et l’on devrait pendre le chef de troupes avare et le puissant seigneur qui veut faire payer ses dons. On ne devrait pas courtiser une dame cupide qu’on peut faire plier et allonger pour de l’argent.
V - J’aime la coutume du lion : à l’égard du vaincu, il n’est pas cruel, mais avec l’orgueilleux, il rivalise d’orgueil. Et le roi n’a pas de barons de cette sorte ; au contraire, quand ils le voient en difficulté, chacun d’eux s’évertue à lui nuire. Et n’allez pas croire que je compose pour de l’argent, mais on doit toujours lutter pour un puissant baron.