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080,008a

Français
Gérard Gouiran

I - Je trouve un grand plaisir dans le joyeux temps de la saison nouvelle qui fait pousser feuilles et fleurs ; et j’ai plaisir à entendre la gaîté des oiseaux qui font retentir leur chant par le bocage ; et j’ai plaisir à voir dressés par les prés tentes et pavillons et je ressens une grande allégresse quand je vois en lignes par les champs cavaliers armés sur leurs chevaux.
 
II - Et j’éprouve du plaisir quand les éclaireurs mettent en fuite hommes et troupeaux ; et j’ai plaisir à voir venir à leur suite une foule compacte d’hommes d’armes ; et j’ai plaisir au fond du cœur à voir de puissants châteaux assiégés, les remparts démolis et effondrés et l’armée sur la rive, enfermée par des fossés qui l’entourent de tous côtés, avec des palissades de pieux solides et serrés.
 
III - Et de même, c’est mon plaisir qu’un seigneur soit le premier à l’assaut, armé sur son cheval, intrépide, donnant ainsi du cœur aux siens par sa vaillante bravoure. Puis, une fois le combat engagé, chacun doit être disposé à le suivre volontiers, car personne n’est jugé digne d’aucune estime avant d’avoir reçu et donné nombre de coups.
 
IV - Quand le combat commencera, nous verrons briser et mettre en pièces masses d’armes, épées, heaumes de couleur et boucliers, et maints guerriers frapper ensemble ; aussi s’en iront au hasard les chevaux des morts et des blessés. Et une fois entré dans la mêlée, que tout homme bien né ne pense qu’à fendre têtes et bras, car mieux vaut être mort que vivant et vaincu.
 
V - Je vous le dis, je ne me délecte pas autant à manger, boire et dormir qu’à entendre crier : “Sus !” des deux côtés, hennir les chevaux démontés sous l’ombrage et crier : “Au secours ! au secours !” et à voir tomber humbles et grands dans l’herbe des fossés et à voir, fichés dans les flancs des morts, les éclats de lances avec leurs flammes.
 
VI - Noble comtesse, on vous regarde comme la dame la plus parfaite qu’on ait jamais vue et qu’on verra jamais et comme la plus gracieuse du monde, à ce que l’on me rapporte. Béatrice de haute naissance, vous qui êtes si bonne en paroles et en actes, source d’où naît toute beauté, belle à ne pouvoir trouver de rivale, votre riche mérite est si élevé qu’il surpasse tous les autres.
 
E - Barons, engagez châteaux, villes et cités plutôt que de renoncer à vous faire la guerre.

 

 

 

 

 

 

 

 

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