I - J’ai grand plaisir à voir dans la souffrance la race des mauvais riches qui luttent contre la noblesse et j’ai plaisir à en voir ruiner journellement vingt ou trente et à les trouver nus, sans vêtements, qui vont mendier leur pain ; et si je mens, que mon amie me mente !
II - Le vilain a des mœurs de truie : vivre convenablement lui pèse, et, lorsqu’il s’élève à un haut degré de richesse, l’argent lui fait perdre la tête ; aussi faut-il lui maintenir en tout temps l’auge vide, lui dépenser son bien et lui faire supporter le vent et la pluie.
III - Celui qui ne ruine pas son vilain l’affermit en déloyauté ; aussi est-il fou celui qui ne l’amoindrit pas quand il le voit s’élever à l’excès. En effet, lorsqu’un vilain s’établit et se fortifie dans une position aussi solide, il n’a pas d’égal en méchanceté : il détruit tout ce qu’il atteint.
IV - On ne doit jamais plaindre un vilain si on lui voit briser bras ou jambe ou s’il lui manque quelque chose de nécessaire, car le vilain, que Dieu me protège, malgré ses plaintes et ses lamentations, refuse d’aider de son bien son plus proche parent, aussi faut-il réprimer ses actions.
V - Bande de rustauds, perfides, pleins de tromperie, usuriers, orgueilleux, qui dépassent la mesure ! On ne peut endurer leurs actes, car ils n’ont aucun souci de Dieu, de la loyauté ni de la droiture ; ils pensent imiter Adam, que Dieu les maudisse ! Amen !