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Français
Raymond Arveiller et Gérard Gouiran

I. Je ne trouve pas d’oiseau qui chante et ne vois pas de fleur nouvelle ; pourtant je ne renonce pas au chant ni à la joie qui m’y invite, car j’ai tout mon cœur en joie : homme que je suis, j’ignore la date de ma mort et ma dame me maintient dans l’allégresse, elle qui, avec une joie charmante, a conquis mon cœur fidèle ; aussi je me rends à elle, car jamais depuis lors je n’ai été privé de joie la nuit ni le jour.
 
II. Il doit montrer sa joie, celui que l’amour parfait conduit ; c’est pourquoi je me plie à ses ordres : il m’attire avec tant de grâce que j’ai placé mon cœur entre les mains d’une dame telle que ce sera un honneur pour moi s’il y meurt ; car l’amour qu’elle m’inspire m’a blessé avec tant de douceur qu’il a pénétré mon cœur en jouant et en riant ; je lui appartiens totalement ; ah, si elle pouvait m’appartenir ainsi !
 
III. Je l’aime d’un si franc désir que j’en ai le cœur qui tressaute ; jamais Tristan n’a tant aimé Iseut la belle ; de mon cœur fidèle qui se meurt d’excès d’amour, je sais que jamais personne n’a aimé aussi sincèrement, ni espéré sa joie avec plus de patience ; c’est ainsi en effet qu’un ami conquiert une bonne amie.
 
IV. Si quelqu’un veut me nuire en cela, puisse-t-il lui venir une pustule à l’œil ! J’ai grand peur lorsque quelqu’un lui parle. Madame, donnez-moi votre cœur, car le mien est là-bas qui meurt, lui qui ne s’est jamais éloigné un seul jour de votre gracieuse personne et n’a rien désiré aussi sincèrement ; hélas ! je crois que le désir est en train de me tuer.
 
V. Je fais dire à l’empereur, puisque la valeur renaît, de marcher avec de grandes forces contre la nation scélérate et de confier son cœur à Dieu, car la domination sarrasine et maure a tenu trop longtemps la terre où Dieu est né et son sépulcre, et il convient bien que ce soit lui qui en fasse la reconquête.
 
VI. Un puissant seigneur au cœur vil fait bien le jour où il meurt ; ses fils et ses parents en sont joyeux et gais, car, ce qu’il a amassé, ils le partagent en riant : voyez quelle folie c’est de s’y fier !
 
VII. Othon del Carret, vous avez un cœur bon où le mérite ne meurt pas : jamais aucun baron ne s’est comporté plus noblement, ni plus aimable n’a honoré un homme de valeur ; voilà pourquoi j’aime votre seigneurie.

 

 

 

 

 

 

 

 

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