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156,011

Français
Raymond Arveiller et Gérard Gouiran

I. Quand je ne propose de chanter, je gémis et je pleure de ce que je vois arriver, car peu s’en faut que je ne meure de douleur lorsqu’en mon cœur je songe et réfléchis à la perte et au grand dommage qu’ont subis courtoisie et divertissement : si vous vous mêlez de service d’amour ou si vous vous donnez de l’allégresse, on dira que vous êtes fou prouvé, à moins que vous ne renonciez à toute joie.
 
II. Le monde s’est réduit à bien peu de valeur, à en parler franchement, et les clercs sont assurément les pires, eux qui devraient être le soutien des vertus, et ils ont pour habitude de préférer les combats à la paix, tant leur plaisent la méchanceté et le péché. Aussi je voudrais avoir fait le voyage d’outre-mer lors de la première traversée, car la plus grande partie de ce que je vois me déplaît.
 
III. Ils sont traîtres envers eux-mêmes, pour la plupart, les puissants, c’est pourquoi je les hais : ils ont des yeux et ne voient pas et ne sont capables d’accomplir rien qui puisse plaire ; tant les aveuglent la cupidité, la tromperie et la méchanceté pure qu’ils ont détruit la noblesse et, à cause d’eux, perdent leur éclat mérite, valeur et loyauté.
 
IV. Je voudrais bien que nous ayons un seigneur qui ait assez de pouvoir et de jugement pour enlever aux gens vils leur puissance sans plus leur laisser tenir de terre, et donner l’héritage à qui aurait de la valeur et du mérite, car c’est ainsi que commença le monde, et ne pas regarder au lignage, et je voudrais que l’on change les seigneurs mauvais comme on fait pour les prieurs et les abbés.
 
V. Maintenant, je prie le bon empereur qui s’est croisé pour servir Dieu de se mettre en marche avec force et vigueur vers le pays où Dieu voulut mourir et où il mit son corps en gage ; c’est pour nous qu’il a été élevé sur la croix et tout homme est sans espoir de salut, qui manque de fermeté en voyant comment, pour nous, il a été cloué et battu et blessé.
 
VI. Tous nous devrions avoir peur, puisque nous ne savons pas mieux le remercier de ce qu’il souffrit pour l’amour de nous : il reçut la mort pour tuer la mort, tant il voulut notre hommage ; aussi est né sous une bonne étoile tout homme qui prendra la croix pour le servir et accomplira son pèlerinage, car depuis qu’il a été dépouillé, la chrétienté n’a jamais retrouvé l’honneur.
 
VII. Empereur, si vous songez bien à la façon dont Dieu exauce vos désirs, vous aurez pour lui beaucoup d’amour ; car il veut, et c’est la vérité, sachez-le, que vous recouvriez son héritage.
 
VIII. Sirventés, passez le Mont-Cenis et dites à Othon del Carret que je vous envoie en messager pour l’inviter à aller où Jésus naquit ; ensuite son beau mérite sera couronné.

 

 

 

 

 

 

 

 

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