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322a,001=201,001

Français
Paul Meyer

I. Sur cet air qui me plaît, je désire fort, ami Guilhem, apprendre de vous où vos bourgeois veulent en venir quand ils se partagent en deux factions opposées (1). Chacun (2) se voit tant de bonheur qu’il en méconnaît son voisin et ne se reconnaît plus soi-même. D’autre part vont au roi les messagers, d’où résultera sans doute un grand dommage pour Montpellier, et ce sera grand deuil s’il (Montpellier) se perd par malice.
 
II. — Ami P., selon mon entendement, Orgueil, qui fit descendre du ciel les anges éclatants et les rendit laids, en excitant chez eux l’envie et l’outrecuidance, règne entre ces bourgeois avec Violence sans Merci ; et jamais on ne vit Orgueil amener un bon résultat. Si les consuls agissent avec fermeté et délibération, leurs factions ne feront point obstacle, car ils (les consuls) ont pour eux Dieu et Droit.
 
III. — Ils ne reculeront pas pour les consuls, seigneur G., à en juger par la conduite que je leur vois tenir. Ils feront venir Français et Catalans ; chaque [parti] est si fort que les consuls, par crainte, ne voudront s’en mêler en rien. Ils (les bourgeois) se perdront, tant on leur a lâché les reines. Les factions ont détruit l’autre jour Pampelune, et Limoges, maintes communes sont tombées par les factions.
 
IV. — Droit et Pouvoir l’emportent toujours avec le temps sur Tort... seigneur Peire, ce me semble, car chaque jour je vois Humilité prendre le dessus, et Orgueil tombe avec ce qu’il a semé ; et à moins qu’il dirige les consuls, en prenant la place de Merci, ils n’ont à redouter Catalans ni Français ; car, lorsqu’ils auront délivré leur gravier (déblayé la place ?) je crois que chacun plaindra sa dépense.
 
V. — Ami Guilhem, cœur mou et nonchalance, et parenté ou amitié, ou impuissance empêchent de bons consuls d’agir avec énergie, car ils n’osent prendre parti en aucun sens, et ainsi ils se perdront tous. Il faut que le consulat, ayant la seigneurie, soit le roc (l’éléphant) en l’échiquier ; il doit garder son pion du cavalier et prendre le fou quand il lui trouble son jeu.
 
VI. — C’est au seigneur qu’il appartient, Peire, de punir la faute du vassal ; le devoir des consuls est d’engager les partis à faire la paix, et je crois que chacun y pense, et à faire valoir ses droits ; et ils ont fait et dit ce qui convient. Au roi de faire ce qui ensuite sera nécessaire. Mais que Dieu garde la commune de dommage ! Pour le reste, peu m’importe qui restera vainqueur.
 
 
 
Notes :
 
1. M. à m., selon la correction que je propose : « quand il surgit entre eux une faction divisée et un débat ». ()
 
2. Chacun des consuls ou chaque parti ? Le second sens me paraît plus probable. ()

 

 

 

 

 

 

 

 

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