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156,II

Français
Raymond Arveiller et Gérard Gouiran

1
Seigneur Dieu qui créas Adam,
 
éprouvas la foi d’Abraham,
 
daignas prendre chair et sang
 
pour nous, tant tu fus plein d’humilité et de douceur,
5
toi qui ensuite livras ton corps au martyre
 
–et, lorsque j’y pense, j’estime
 
que tu as montré là trop d’humilité,
 
eu égard à ta haute puissance –,
 
Dieu, Jésus Christ, fils de Marie,
10
Seigneur, montre-moi la voie droite
 
sans avoir égard à mes torts
 
et ramène-moi sur les droits chemins !
 
Désormais, il convient bien que je me découvre à moi-même
 
combien j’ai été plongé dans les mauvaises pratiques :
15
j’ai toujours aimé une grande cupidité
 
et j’ai maintenu mon cœur dans la convoitise,
 
j’ai volontiers amassé,
 
et pas toujours loyalement ;
 
j’ai volontiers accumulé le bien d’autrui
20
sans considérer ni ce que c’était ni à qui c’était ;
 
j’ai toujours été méchant
 
et j’ai pratiqué assidûment les œuvres du démon,
 
quand il m’est venu au cœur le désir de le quitter
 
et, vrai Dieu, de te servir, toi.
25
J’aime le péché qui me rafraîchit :
 
il m’est plus doux qu’un rayon de miel,
 
et il me fait retomber dans la fièvre,
 
qui m’est cruelle et douloureuse,
 
tant me domine le péché mortel.
30
Aussi, Dieu vrai, si tu ne m’aides pas contre lui,
 
si cuisant est le mal qui m’atteint
 
que ma bouche ne peut le décrire,
 
le médecin ne peut m’aider contre lui,
 
si ton bon plaisir à toi n’est pas de m’aider.
35
Dieu glorieux, par ta miséricorde,
 
tourne vers moi ton visage
 
et considère le dur tourment
 
qui me harcèle et m’assaille en ce moment,
 
car on ne peut dénombrer mes péchés ;
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aussi, j’ai peur que la mort ne m’accable,
 
car mes péchés surabondent
 
et j’ai un très grand besoin de ton secours.
 
Je te crie miséricorde comme un homme vaincu
 
afin que tu m’aides, mon Dieu, par ta puissance,
45
car je suis né et j’ai été élevé dans le péché
 
et j’ai si longtemps dormi dans le péché
 
que c’est à peine si je distingue l’éclat de la lumière
 
que m’apporte ton Saint-Esprit ;
 
je vais dans l’obscurité comme à travers les ténèbres ;
50
je suis malade, plus que si je souffrais des fièvres ;
 
je suis abattu dans le malheur et la peine
 
et je porte au cou une chaîne si grande
 
que j’en suis tout brisé et rompu,
 
tant elle est solide et pesante.
55
Dieu glorieux, seigneur du firmament,
 
s’il te plaît, délivre-moi de captivité.
 
Au milieu de ma grande douleur, je t’appelle et je crie :
 
Seigneur, ne m’oublie pas !
 
Tu m’as oublié à cause de ma folie,
60
car je ne t’ai pas servi comme mon seigneur ;
 
je suis plus froid que la neige ou la glace
 
en ayant abandonné ta société.
  Dieu glorieux, donne-moi de la chaleur,
 
de la raison, de la force, de la vigueur,
65
de la connaissance et du savoir,
 
afin que je te serve à ton plaisir.
 
Seigneur Dieu, purifie mon cœur
 
en toutes ses parties, à l’intérieur et à l’extérieur,
 
de tout mauvais désir,
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d’orgueil et de méchanceté,
 
et ramène-moi à ton service
 
et sauve-moi le jour du jugement dernier.
 
Dieu glorieux, fais-moi parvenir une lumière
 
qui chasse de mes yeux cette fumée mauvaise,
75
afin qu’ils deviennent beaux et clairs,
 
loin d’être durs et cupides,
 
pour que je reconnaisse tes sentiers
 
qui sont si unis et si droits,
 
car je ne vois rien et j’ignore où ils se trouvent ;
80
au contraire, je prends le mauvais et je laisse le bon.
 
Seigneur, garde-moi des chemins
 
que la mort trouve pour tant de misérables
 
et de leur grande infortune,
 
due aux démons, qui est si cruelle ;
85
Seigneur, pardonne-moi pendant que je vis,
 
tous mes péchés et ma faute
 
avant que ma mort ne survienne,
 
ce moment où je ne pourrai plus faire aller ma langue,
 
car la pénitence que l’on fait à ce moment-là
90
n’a pas la valeur de quatre joncs pour l’âme.
 
Aide-moi, mon Dieu, vite, ne me fais pas attendre,
 
car tous mes ennemis mortels
 
éprouveraient une joie spontanée
 
s’ils pouvaient me livrer à la mort.
95
Seigneur Dieu, c’est pour moi un grand dommage
  de ne trouver ni moyen ingénieux ni échelle
 
qui me permette de venir devant toi,
 
la-haut où se trouvent les joies et les saints.
 
Mon Dieu, toi qui as fait un si beau miracle,
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mets-moi dans ta sainte demeure,
 
car tout mon cœur et toute mon espérance
 
sont placés en ta pitié,
 
car les péchés dont mon dos est chargé
 
sont plus difficiles à compter que des grains de sable :
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je ne connais personne au monde qui soit assez rapide
 
pour pouvoir dresser la liste de mes péchés.
 
Mais toi, Seigneur, vrai Dieu, qui connais
 
mes pensées et toute ma conduite,
 
il ne peut t’être dissimulé
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qui je fus, qui je suis, qui j’ai été.
 
J’ai commis tant de péchés que j’en ignore le compte :
 
si jamais j’ai été fou, je le suis maintenant, Seigneur,
 
car le péché m’a submergé et ses morsures
 
me tiennent enfermé de toutes parts.
115
Mon Dieu, indique-moi les moyens d’y échapper
 
afin que je te loue et te remercie,
 
car tu es, mon Dieu, doux et plein d’amour
 
et tu es le Seigneur Dieu tout-puissant.
 
Vrai Dieu, dresse l’oreille,
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écoute mes prières et mes plaintes ;
 
voici comment je te chercherai querelle et commencerai la guerre contre toi:
 
à genoux, la tête tournée vers le sol,
 
les mains jointes et la tête baissée,
 
jusqu’à ce que tu me prennes en pitié ;
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je me laverai souvent le visage,
 
afin qu’il soit frais et pur,
 
avec l’eau chaude de la source
 
qui naît du corps, en haut, sur le front,
  car les larmes, les plaintes et les pleurs,
130
voilà quels sont les fleurs et les fruits de l’âme.
 
Seigneur Dieu, c’est à toi que j’adresse mes prières :
 
en cette nécessité, ne me refuse pas !
 
Je suis bien ton parent par la chair
 
et ton parent par l’esprit ;
135
je suis ton fils, tu es mon père,
 
mon seigneur et mon sauveur ;
 
je suis ton fils, tu es mon père :
 
aie pour moi une douce clémence,
 
car, moi, je suis plein de tout péché,
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et toi, Seigneur, d’indulgence ;
 
tu es très élevé et moi tout-à-fait bas,
 
car le péché m’a vaincu et épuisé.
 
Seigneur, protège-moi des démons
 
qui veulent me damner et s’emparer de moi ;
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mon Dieu, protège mon esprit,
 
avant qu’il ne m’ait totalement abandonné
 
et donne-moi la vie éternelle
 
dans ton royaume céleste.
            Amen !

 

 

 

 

 

 

 

 

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