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Français
Jean Marie Lucien Dejeanne

I. Au sortir de la mauvaise saison, quand le long de la branche monte la sève qui fait revivre le genêt et la bruyère, lorsque fleurissent les pêchers et que la grenouille chante dans le vivier, que croissent le saule et le sureau, alors que je vois venir les mois de sécheresse, je suis en souci de faire un vers.
 
II. Je songe à un grand verger où il y a de beaux arbrisseaux en maints endroits; les greffes sont grandes et le fruit charnu [sur] ceux qui devraient être les pires; on dirait feuilles et fleurs de pommier; mais quand le fruit vient, ce n'est plus que saule et sureau, et du moment que le chef est vide [niais], dolents sont les membres aux extrémités.
 
III. Morts sont les bons arbres primitifs, et ceux qui vivent ne sont que ramilles et fétus; les vaillantes entreprises leur sont dangereuses [interdites], je le vois, mais ils montrent volontiers leur habileté à behourder ; ils sont prodigues de promesses, mais pour les tenir, ils sont [vides] comme saules et sureaux ; aussi les proclamons-nous flasques et fastidieux, moi et tous les autres soudoyers.
 
IV. Quand ils sont, la nuit près du foyer, sire Estève, sire Constant, sire Hugues, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . mieux que Bérard de Mondidier, toute la nuit ils font assaut [de fanfaronnades], et, le jour, à l'ombre des sureaux, vous les entendriez mener noise et dispute et doubler entre eux l'échiquier [surenchérir en fait de vantardises].
 
V. Donc les derniers [les arbres vivants] ne ressemblent pas à leurs pères par tous leurs bons côtés ; mais ils sont avec les faquins [ce sont des faquins]. Est-ce que Cazères et Sarlux valent Toulouse et Montpellier? Car je sais quels grands morts furent les premiers; les plus grands des vivants sont de vrais sureaux, et vous pouvez dire qu'il est bien heureux celui qui trouve [parmi eux] laurier et olivier.
 
VI. Et même le jardinier et le portier s'enfuient [comme poussés] par le vent, les yeux fermés; pour sarreau et pour chaussons, ils [les derniers rejetons] ont laissé manteau et chaussure. Et je n'ai rien à tirer du [nouveau] locataire [du verger]. Quelle colère me donnent saules et sureaux! Si ne les soutient [les arbres derniers] roi ou comte ou duc, pour toujours, désormais, ils seront chemineaux.
 
VII. Que Dieu sauve les preux qui ont un mérite parfait, car les mauvais riches ressemblent à des sureaux ! C'est pourquoi le monde est niais [vide] et végète dans le malaise.

 

 

 

 

 

 

 

 

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