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Français
Jean Marie Lucien Dejeanne

I. J'aime le temps où la grenouille chante et où la sève monte par l'écorce; c'est pourquoi la fleur, la feuille, les ramilles (bourgeons) et le fruit revivent dans la plante et le rossignol crie et appelle sa compagne qu'il a par Joie conquise, plein d'orgueil, car il ne ressent froid, ni gelée, ni glace, ni bise.
 
II. Je n'ose parler, ce dont j'ai grand désir, d'une gent qui se rend coquine et que Méchanceté brise et déchire ; entre mille personnes, je n'en trouve pas quarante qu'aime Prouesse, car elles l'ont assiégée dans un château qu'elles assaillent avec cent pierriers, celles qui l'ont en haine.
 
III. Pris sont le château et la salle (place) d'armes. La tour seule se défend ; c'est là que Jeunesse, Joie et celle-là [Prouesse] sont condamnées à subir peine cruelle, car chacun [des assaillants] crie : « Feu et Flamme. Entrons et prenons [d'assaut la tour], égorgeons Joie et Jeunesse et que Prouesse soit mise à mort ! ».
 
IV. Seigneur, c'est bien grand dommage, si elle [Prouesse] meurt sans fils ou sans fille ; retenons pour merveille le bec ou l'ongle ou l'aile, car de petit arbre sort une grande ramée, lorsqu'il est entouré de bons soins. Aussi, j'en espère et j'en attends le fruit après le semis.
 
V. Je ne veux point débiter de longues paroles. Elle est prisonnière, la noble chose, et elle ne peut espérer fin ni pause, si elle ne se met recluse ou nonne. Et puis, chacun l'écartèle, lui frappe et lui brise les dents. Je ne lui connais plus un parent de Portugal jusqu'en Frise.
 
VI. Ducs et rois, sans mentir, lui ont, les premiers, fermé la bouche; de petit fait ils font grande noise (grand bruit), car ils ont honte de donner, tant ils craignent que la trame (l'avoir) ne leur manque. C'est pourquoi, dans leurs cours on ne voit ni coupe ni hanap d'argent, manteau vair ni fourrure grise.
 
VII. Mari qui gratte le c. d'autrui peut bien savoir que le sien pèche de son côté, et enseigne à lui verser [un mauvais breuvage] et à le battre avec son propre bâton ; il aura vraiment tort s'il s'en plaint, car droit et raison décident ainsi : celui qui achète cher doit vendre cher, maintenant selon la loi de Pise.
 
VIII. De là naissent les ignobles trafics. Riches, puissent la mort et Dieu vous abattre, car pas un de vous n'aime les festins et la danse! On ne doit pas accorder de plates louanges à celui qui affame sa maisonnée ; celui-là revêt la blanche chemise, fait de son Seigneur un mari trompé et tient madame à sa guise.
 
Alegret, tu es fou ; de quelle manière penses-tu faire d'un lâche un vaillant, et d'une gonelle une chemise?
 
Mais comment cela se peut-il? en s'élevant ou en tombant, telle gonelle, telle chemise.

 

 

 

 

 

 

 

 

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