I. Je vous parlerai en mon langage de ce que je vois et de ce que je vis. Je ne pense pas que le monde dure guère, selon ce que dit l'Écriture, car maintenant le fils faillit envers le père et le père envers le fils également.
II. Elle a dévié de son chemin, Jeunesse qui tourne à son déclin et Donner, qui était son frère, va s'enfuyant en tapinois. Jamais sire Constans le trompeur n'a joui de Joie ni de Jeunesse.
III. Souvent de pain et de vin un homme riche nourrit un mauvais voisin, et s'il l'a de mauvaise extraction, il est sûr de mauvais matin, si ne ment le laboureur, d'où vient le proverbe.
IV. Le meunier juge dans son moulin : « Qui bien lie doit bien délier », et le vilain dit derrière la charrue : « Bon fruit sort de bon jardin, mauvais fils de mauvaise mère et de mauvais cheval naît une rosse. »
V. Maintenant naissent deux poulains, beaux, piaffant, avec un poil blond qui se va changeant de blanc en vair et les fait ressembler à des ânes. Joie et Jeunesse sont devenues tricheuses et Méchanceté vient de là.
VI. Gens mariés, aux sens [lascifs] de la chèvre, vous préparez de telle sorte le coussin que le c. devient fripon. Et tel dit : « Mon fils me rit » qui jamais n'eut rien à y faire (qui n'était pour rien dans la naissance de son fils). Vous gardez l'esprit bien niais (badaud).
VII. Rien ne me vaut si je les morigène, car toujours ils reviennent au même errement, et puisque moi, Marcabru, je ne vois pas un de vous délaisser ce train de vie, hommes mariés, que dans le jeu d'amour le tondre aille en échange du raser.
VIII. Mariés, que dans le jeu d'amour le tondre aille s'opposer au raser.