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Français
Jean Marie Lucien Dejeanne

I. J'ai pour compagnie deux pensées qui me donnent joie et trouble : par la bonne pensée je me réjouis et par la mauvaise je suis abruti. D'un tel penser doux et amer le monde entier est rempli, si bien que je serais avec les désemparés si je ne connaissais à fond le bien et le mal.
 
II. En deux pensers j'ai souci pour séparer la partie du tout (la fraction de l'entier). Je le tiens pour naturellement devin celui qui peut nous guider pour connaître la pensée. De fol penser je ne sais me garder, car si je crois être sur la droite ligne, le fol penser vient bruire à mes oreilles et me fera tourner d'amont à val.
 
III. Votre pensée, soudoyers, fait se disloquer les danses de Gaifier, car se balancent inégalement malgré elles la pensée et la promesse déçues (?). Notre pensée est dévoyée par la montagne dont sortit la souris (qui accoucha de la souris) ; c'est ainsi que je vois les riches s'avilir, car je n'entends pas qu'un seul vienne faire largesse de ses dons.
 
IV. Hélas ! il fut né et baptisé hier celui qui pensa me porter encombre ; je mande aux voisins que certes je ne l'approuve pas quand il songe à contrefaire la souris (?) ; et à qui par penser songe à être baron, la pensée est longue et l'acte flétri, car la folle pensée fait naître une folle rumeur (dans l'opinion) ; elle nuit facilement, soit ouvertement, soit à la dérobée.
 
V. Les songeurs d'amour volage sont la proie d'une folle rêverie, car sur un millier de ces amours songeuses je n'en trouve pas une qui parte du cœur ; cependant, je ne dois pas blâmer entièrement le penser, car Jeunesse serait honnie ; si pensée d'amour était mise en oubli, Joie tomberait dans le canal [à l'eau].
 
VI. Les mariés pensent volontiers, et après le vin et le savouret, ils sont réjouis par mainte folle pensée ; c'est pourquoi le monde devient vulgaire. Tel s'imagine penser en bonne part, mais ne comprend pas ce que Marcabru dit, c'est-à-dire que femme et petit enfant ont une tare commune (mentalité commune).
 
VII. Des dames sont folles avec des désirs fous, des cavaliers sont fous par suite de pensées [de rêveries, de songes creux] ; par elles, de pauvres orgueilleux sont farouches. Que Dieu soutienne ces malheureux (?)! Car par le fait de pensées, nous ne vîmes jamais grener la cime, pas plus que la racine. Une bonne pensée peut même entraîner la perte, si elle n'est aidée par une œuvre encore meilleure.
 
VIII. En pensant, ils suivent le sentier tortu, sifflant un taon comme si c'était un épervier, et laissent la droite voie par le conseil des gens lésineurs (?) qui inspirent au riche avare la pensée qui fait que Jeunesse est flétrie, Joie faillie parmi les hommes francs et tombée de Bazan en Bertaut.

 

 

 

 

 

 

 

 

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