I. Seigneur Audric, selon votre jugement vous êtes démuni et dénué de ressources, puisque vous dites ainsi que vous n'en avez pas et qu'en septembre le grain vous fait défaut.
II. Là vers Noël, tout ainsi vous manquez de viande, de vin et de pain ; et, à Pâques, selon un témoin, vous croyez aux présages des hobereaux.
III. S'il va à droite, je sais et reconnais que vous vous croyez assuré d'avoir bon gîte ; si l'augure est en défaut, vous viennent les bâillements et Saint-Julien est blâmé (par vous).
IV. Tous vos usages, Marcabru les sait, ainsi que votre meilleure façon de vivre, qui consiste à vous remplir le ventre, à bafouer et à tolérer (accueillir) des femmes de mauvaise vie.
V. Quand tout seul vous vous êtes bien repu, les grandes fanfaronnades ne sont certes pas loin de vous : tu as soumis à tes lois et plus conquis que ne fit César pour les Romains.
VI. Pour vous servir de la langue contre un jongleur, vous l'avez plus affilée qu'un milan. De votre bec, Sire Artimalec, jamais chrétien n'éprouvera de joie.