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Français
Jean Marie Lucien Dejeanne

I. Empereur, par moi-même, je sais combien votre prouesse augmente ; je n'ai certes pas retardé ma venue, car Joie vous nourrit, Prix vous fait croître et Jeunesse vous maintient fier et frais, car elle élève votre valeur.
 
II. Puisque le Fils de Dieu vous met en demeure de le venger de la lignée de Pharaon, vous devez en être enchanté. Devant les ports défaillent les barons, ceux qui ont le plus grand train et le plus de dons. Veuille Dieu ne pas les en laisser jouir!
 
III. Mais puisque ceux d'au delà [des monts] ne vont pas au secours de l'Espagne et du Sépulcre, vous devez bien supporter tout l'effort, chasser les Sarrasins et rabaisser leur fier orgueil. A la fin, Dieu sera avec vous.
 
IV. Aux Almoravides est un encouragement l'attitude des puissants qui sont au delà des monts, car ils se sont pris à ourdir une toile qui sera drap d'envie et de tort, et chacun d'eux dit qu'à sa mort [seulement] il se fera dépouiller de ce qui lui appartient.
 
V. Mais là-bas [au delà des Pyrénées] méritent le blâme les riches qui aiment le plaisir et la sécurité, les lits mollets et le doux sommeil. Et nous, ici, obéissant aux prédications, nous conquerrons, par le jugement de Dieu, l'honneur, les richesses, la gloire.
 
VI. Ils vont, mêlant leurs convoitises, ceux-là qui n'ont pas de vergogne, et ils pensent se garantir grâce à leur fortune. Et moi, je leur dis, selon ce qu'il me semble, que tête derrière et pieds devant il leur faudra sortir de leurs palais.
 
VII. Peu s'en faut que Marcabru ne soit hors de lui, à cause de Jeunesse, quand Richesse la fait faillir. Et celui qui aime le plus à l'amasser, quand il sera au dernier bâillement, de ses mille marcs il ne donnerait pas un ail, tellement la mort les lui fera puer [?].
 
VIII. Avec la puissance du Portugal, et aussi avec celle du roi de Navarre, pourvu que Barcelone se tourne vers Tolède, l'impériale cité, sûrement nous pourrons pousser notre cri [de guerre] : « Royaux » et déconfire la gent païenne.
 
IX. Si les fleuves n'étaient si gros, les Almoravides passeraient un mauvais moment et nous pourrions leur bien assurer que, s'ils attendent le retour de la chaleur et la venue du seigneur de Castille, nous ferons maigrir ceux de Cordoue.
 
X. Puisque France, Poitou et Berry sont soumis à un seul seigneur, qu'il vienne ici faire à Dieu le service de son fief.
 
XI. Car je ne sais pourquoi vit le prince qui ne va pas faire à Dieu le service de son fief.

 

 

 

 

 

 

 

 

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