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Français
Jean Marie Lucien Dejeanne

I. L'hiver s'en va et le temps s'arrange, car les buissons verdoient, la fleur paraît sur l'aubépine et les oiseaux se réjouissent. Aïe ! Déjà l'Amour donne la gaîté ; chacun est attiré vers sa compagne — oui — selon le plaisir du cœur.
 
II. Le froid et la bruine frémissent contre la gentille saison. Par les haies et les bois, j'entends faire assaut de chants. Aïe ! Moi, je me mets en mesure de trouver et je dirai d'Amour comment il va — oui — si je veux, et comment il évolue.
 
III. Amour [sensuel] croît, s'attache (?) et triche avec une volonté gloutonne. Par une douceur des sens, il enflamme d'un feu félon. Aïe ! Nul ne sera, s'il y tombe, en réalité ou pour essai — oui — qui ne laisse du poil dans la flambée.
 
IV. Bon Amour porte médecine pour guérir son compagnon. L'Amour mauvais contraint le sien et le met en perdition. Aïe ! Tant que l'argent dure, je le sais, il [l'Amour sensuel] fait au fou semblant d'amour — oui — et quand l'argent manque, il ne fait rien qui vaille. (Il lui dit : « Chemine », d'après a.)
 
V. Car il fait un gentil appeau qui entraîne dans ses embûches le jobard de la cime jusqu'à la racine [de la tête aux pieds] ; oui et non sont entremêlés. Aïe ! J'aimai tel homme blanc, brun et bai. Avec lui ferai-je ou ne ferai-je pas [le prendrai-je ou ne le prendrai-je pas] ? — Oui — l'Amour rend au fou l'échiné maigre.
 
VI. Dame ne sait rien d'Amour pur si elle aime un goujat dans sa maison et sa volonté la mâtine semblable à une levrette qui se livre au roquet. Aïe ! De là naissent les gens riches et lâches qui ne donnent ni festins ni argent. — Oui — ainsi le déclare Marcabru.
 
VII. Celui-ci [ce goujat] entre à la cuisine soigner le feu sur les tisons et boit la fumée de la tine de sa dame Bonafo. Aïe ! Je sais comme il vit agréablement, se couche et là sépare le grain de la balle — oui — et par là trompe son seigneur [donne de petits goujats au seigneur].
 
VIII. A celui qui pour voisin a bon Amour et vit de ses présents, Honneur, Valeur et Prix rendent hommage sans conteste. Aïe ! Tant qu'il se conduit avec des paroles vraies, il ne doit avoir aucun émoi — oui — du galant marié sire Aigline (?).
 
IX. Moi, je ne m'engagerai plus pour le trouver de sire Eblon, car il maintient folle sentence contre raison. Aïe ! Moi, je dis, j'ai dit et dirai qu'Amour vrai et Amour sensuel se récrient d'être ensemble — oui — et bousille qui blâme l'Amour vrai.

 

 

 

 

 

 

 

 

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