I (
1).
Pax in nomine Domini ! Marcabru a fait les paroles et l'air. Écoutez ce qu'il dit : Comme par sa bonté, le Seigneur, roi des cieux, nous a fait près de nous un lavoir tel qu'il n'y en eut jamais, sinon outre-mer, là-bas, vers Josaphat, et c'est pour celui qui est près d'ici que je vous exhorte.
II. Nous devrions nous laver soir et matin si nous étions raisonnables, je vous l'assure ; chacun a le loisir de s'y laver ; tandis qu'il est sain et sauf, chacun devrait aller au lavoir qui nous est un vrai remède ; car si nous allons à la mort avant [de nous être lavés], notre demeure ne sera pas là-haut, mais nous l'aurons bien bas.
III. Mais Mesquinerie et Manque-de-foi séparent de Jeunesse son compagnon. Ah ! quelle douleur que le plus grand nombre vole là où on ne gagne que l'enfer ! Si nous ne courons au lavoir avant que nous ayons la bouche et les yeux clos, il n'est homme si gonflé d'orgueil qui dans la mort ne trouve un vainqueur (qui ne soit vaincu par la mort).
IV. Car le Seigneur, qui sait tout ce qui est, et tout ce qui sera, et tout ce qui a été (fut), nous y a promis honneur au nom de l'empereur. Et la beauté de ceux qui se rendront au lavoir, savez-vous comment elle sera ? Plus grande que celle de l'étoile du matin, pourvu que nous vengions Dieu du tort qu'on lui fait ici, et là-bas, vers Damas.
V. De la race de Caïn, de ce premier homme félon, il y a ici beaucoup de descendants, desquels aucun ne porte honneur à Dieu. Nous verrons qui lui sera cordial ami, car, par la vertu du lavoir, Jésus sera avec nous tous. Et chassons loin de nous les mauvais garnements qui croient aux augures et aux sorts.
VI. Ces libertins, corne-vin (ivrognes), presse-dîner, souffletison, les accroupis sur le chemin resteront dans les souillures. Dieu veut éprouver à son lavoir les hardis et les doux ; et ceux-là guetteront les maisons et trouveront un rude adversaire ; c'est pourquoi, à leur honte, je les chasse.
VII. En Espagne, ici (de ce côté), le Marquis et ceux du Temple de Salomon souffrent le poids et le fardeau de l'orgueil des païens ; c'est pourquoi Jeunesse recueille mauvaise louange, et le blâme, à cause de ce lavoir, tombe sur les plus puissants seigneurs, brisés, faillis, vides de prouesse et qui n'aiment ni joie ni amusements.
VIII. Dégénérés sont les Français s'ils se refusent à soutenir Dieu, car je les ai mis en demeure. Antioche [là-bas], de ce côté, Guyenne et Poitou pleurent Prix et Valeur. Dieu, Seigneur, en ton lavoir donne paix à l'âme du comte, et ici, que le Seigneur qui ressuscita du Sépulcre garde Poitiers et Niort !
Note :
1. Nous avons mis largement à contribution la traduction de M. P. Meyer. (↑)