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Français
Jean Marie Lucien Dejeanne

I. Depuis que l'hiver de cette année est parti et que le doux temps fleuri est venu, de bien des façons par les haies j'entends le refrain des petits oiseaux ; les prés verts et les vergers m'ont inondé d'une telle joie que je me suis mis en mesure de chanter.
 
II. Tout le siècle est encombré par un arbre qui y est né, haut et grand, branchu et feuillu, car il a crû à merveille et il a si bien envahi le monde entier que je ne puis me tourner d'aucun côté que je ne voie deux ou trois de ses rameaux.
 
III. Mais il est tellement élevé et répandu de toutes parts que de là-bas, d'outre les ports, il est passé en France et venu en Poitou ; il est entré dans un tel endroit réservé où vraiment, selon ce que je pense, il maintiendra toujours sa verdeur.
 
IV. Et il est si bien enraciné qu'avec peine on ne pourra jamais l'abattre. Car sa racine est Méchanceté, par qui Jeunesse est confondue, et trouve une telle opposition de la part de ceux qui devraient être à ses ordres que ceux-ci ne crient même pas pour que quelqu'un vienne la secourir.
 
V. Je m'émerveille des puissants en si grand nombre, jeunes et chenus, rois et comtes, amiraux et princes à l'arbre pendus, car Mesquinerie les étreint et rend leur col si flasque que pas un ne pourra s'échapper.
 
VI. Jeunesse fut autrefois appelée la hardie, mais elle est maintenant si dégénérée que jamais elle ne sera assez honorée pour que Joie lui soit rendue, car Lâcheté l'a conquise et jamais elle n'a pu se délivrer depuis que Droit et Foi se sont séparés d'elle.
 
VII. Depuis longtemps il ne lui a rien été donné ici par les barons en vue ; elle [Jeunesse] est proscrite et exilée au loin, et là où elle s'est réfugiée, Marcabrun lui mande par message qu'il ne lui fallait pas s'enfuir aussi loin, que jamais ici elle ne sera prisonnière.
 
VIII. Je ne puis m'empêcher de dire aux hommes mariés leurs forfaits reconnus ; je ne sais quelle autorité les enseigne pour qu'on puisse les appeler amants ; ils ressemblent à l'âne courtois qui voulut behourder (jouer) avec son maître quand il l'eut vu s'amuser avec ses chiens.
 
IX. Je vois ici des enracinés de telle sorte, des fous et des sages trompés par des hommes vils bien peignés ; ceux-ci, chaque jour, demandent des saluts et les demandent comme une redevance. Jamais nul homme loyal n'eût dû tolérer d'entretenir [chez lui] de tels majordomes parfumés (?).

 

 

 

 

 

 

 

 

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