I. Au souffle du vent doux que Dieu nous envoie, je ne sais d’où, j’ai le cœur rassasié de joie devant la douceur de la fraîcheur quand les prés sont vermeils et jaunes.
II. Il m’est agréable quand les monts sont ténébreux, et les oiseaux dans la verdure mêlent aux chants leurs cris, et chacun, à sa façon, égaie son pareil à son tour.
III. D’ici je sens une puanteur, car là-bas, la peau tourne au buisson, puisque les gâte-pain sont bien vus ; ainsi les dames sont gardées par eux, de sorte que nul étranger, sauf le maître, n’y touche.
IV. Si les jaloux s’en vont rassurés, et si les gardiens sont joyeux, ce n’est pas ainsi que je chante et réponds, car ils [les gardiens] s’y rendent en plein jour et de nuit ; mais, si tu veux en faire de même, on te bat avec ton propre bâton.
V. Ceux-là, Marcabrun sait qui ils sont, car ils ne cherchent pas à lui cacher leur détours et subterfuges vils ; les jaloux, qui se font joyeusement des chepteliers, mettent nos femmes en jeu.
VI. Désormais, il m’est difficile de croire que je leur [aux femmes] donne jamais ces hommes à gages ; je vois que ces bâtards stupides suivent la nature du chien : de même que le roquet ronge et le lévrier grogne, ils soufflent le feu au-dessus du plat.
VII. Car dans leur société, il n’y a ni clé ni cloison pour empêcher qu’ils aient ce qui est du plus profondément caché, et du premier fruit comme du second. Ceux-ci font que la méchanceté se cache, quand ils ne se font pas répondre ” non ” au lieu de ” oui ”.
VIII. Alors le jaloux, par suite de sa folie, beugle ; il se gonfle, se dégonfle et rembourse ; il doit savoir quelle est la conduite d’un client de putains, sinon, qu’il dise qu’il a toujours été impuissant.