I. Je veux faire un sirventés sur cette mélodie du seigneur Gui, que je ferai porter à Faenza, au seigneur Guillelmin et au comte Gui Guerra, et au seigneur Miquel Moresin et au seigneur Bernart de Fosc, et au seigneur Ugolin et aux autres qui sont là dedans, fermes dans leur fidélité. Et qu’ils sachent que, quoi qu’il leur arrive là dedans, leur sens droit et leur réputation et leur prix et les éloges qu’on leur donne les couronnent d’honneur, pourvu qu’ils arrivent à bonne fin.
II. Celui-là doit bien arriver à bonne fin, et Dieu doit bien le favoriser, qui maintient la loyauté et la droiture et l’Église contre celui qui n’a foi ni en Dieu ni en elle, qui ne croit ni à la vie après la mort ni au paradis, et qui dit que l’homme n’est rien après qu’il a perdu le souffle ; et la cruauté lui a enlevé la pitié et la grâce, et il ne craint pas de manquer vilainement [à ses promesses] en quoi que ce soit, et il déshonore, abaisse et abandonne tout ce qui est bien.
III. Si le comte Raimon le soutient, qu’il prenne soin alors d’en profiter, car j’ai vu le pape lui enlever Argence et Avignon, Nimes et Carpentras, Venasque et Cavaillon, le pays d’Uzès et Melgueil, Rodez et Bozouls, le comté de Toulouse et le pays d’Agen, Cahors et Gourdon, et son beau-frère, le bon roi d’Aragon, en mourut ; et s’il revient à la proie à cette occasion, il devra encore porter sur le poing le faucon d’un autre.
IV. Que le faucon, fils de l’aigle, qui est roi des Français, sache que Frédéric a promis aux Anglais qu’il leur rendra la Bretagne, l’Anjou et le pays de Thouars, le Poitou et la Saintonges, Limoges et la contrée d’Angoulême, la Touraine, la Guyenne et le Pays [Chartrain], et qu’il vengera le Toulousain et Béziers et le pays de Carcassonne ; il faut donc que la France soutienne le Milanais, ainsi qu’Albéric, qui l’a empêché de passer de ce côté là.
V. S’il l’avait pu, il y serait bien passé, car il ne désire rien tant que d’humilier la France et l’Église et de leur imposer sa croyance et sa foi ; c’est pourquoi l’Église et le roi doivent pourvoir à nous envoyer une armée de Croisés et à venir nous soutenir, de façon que nous puissions aller là-bas, en Apulie, conquérir le royaume [de Frédéric], car quiconque ne croit pas en Dieu ne doit pas régner.
VI. Ni la Flandre ni la Savoie ne doivent le soutenir, tant elles ont à se plaindre au sujet de l’évêque élu de Valence.