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Français
Peter T. Ricketts

I. Les premiers troubadours n’ont pas tant parlé de l’amour jadis au temps joyeux, que maintenant nous ne pouvons, après eux, faire de belles chansons, nouvelles, agréables et sincères. On peut dire ce qui n’a pas été dit, car autrement, un troubadour n’est ni bon ni courtois si ses chants ne sont pas nouveaux, gais et bien composés sur des idées nouvelles et d’un art nouveau.
 
II. Mais, dans leurs poésies, les débutants, en chantant l’amour, disent tant que le nouveau langage devient pesant. Mais c’est nouveau quand les maîtres disent des choses que, dans la poésie, on n’a jamais dites ; c’est nouveau, s’ils disent ce qu’ils n’avaient pas entendu, et nouveau aussi, quand j’exprime des idées qu’on n’a jamais exprimées. Car amour m’a donné science, qui m’inspire tant que, si on n’avait jamais fait des vers, j’en ferais, moi.
 
III. J’aime à chanter, quand je pense au grand honneur qui me vient d’amour, et à donner de belles preuves de cet amour. Car celle qui reçoit mon chant et mes louanges a la beauté de la fleur qui s’ouvre. Aussi je vous dis que je devrais croire plutôt que sa beauté vient du ciel, car elle est si bien une œuvre du paradis que sa grâce ne paraît pas être de cette terre.
 
IV. C’est une très grande folie de la part des dames de conduire leur amour avec de si longues discussions. Car toute dame qui voit que son soupirant est sincère et irréprochable commet une faute si elle lui impose des délais. On ne vit pas si longtemps qu’avant, il conviendrait donc que cette mauvaise coutume de trop longs délais disparaisse, puisque, à mon avis, on ne mourrait pas si facilement si on jouissait de l’amour.
 
V. Elle se nuit à elle-même la dame qui se fait hautaine quand on la prie d’amour et qu’elle s’en irrite, car il lui est plus agréable de faire patienter les soupirants qu’un autre, dont les fautes sont perverses. Car il y a de telles dames, quoiqu’on ne le croie pas, même si on le disait, qui en donnent de détestables preuves. C’est pourquoi amour parmi elles déchoit et s’avilit, car elles font mal de mettre leur haut prix si cher.
 
VI. J’aime et je loue une dame qui ne connaît pas les tromperies d’amour ; aussi, je ne m’écarte pas d’elle et je ne dois pas le faire, car elle est considérée comme la meilleure et la plus belle : c’est pour cela que l’amour m’attire vers elle. En effet, un amant est fou quand il ne choisit pas une personne digne. Qui aime quelqu’un de plus bas que lui s’abaisse lui-même ; on doit être porté vers les meilleures, d’où naissent merci, mérite et courtoisie.
 
VII. Esclarmonde, chacun de vos noms, à vous et à Guise, explique qui vous êtes ; car chacun des noms est si précieux et si fin que si l’on y pense, on est à l’abri du mal de toute la journée.

 

 

 

 

 

 

 

 

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