I. J’ai envie de faire une demi-chanson sur une mélodie gaie & agréable ; mais je ne l’aurais pas faite, si l’amour ne m’y forçait & m’y poussait, l’amour que j’éprouve pour la belle qui a tant de mérites ; puisque je n’ose lui dire à quel point cet amour me torture, je lui raconterai mon malheur en vers.
II. Le premier jour que je vis celle qui est si digne de louanges, sa grande beauté me conquit avant que je me séparasse d’elle ; elle m’a si étroitement enlacé & s’est emparée de moi au point que jamais depuis je n’ai su ce que c’est que le bonheur ; tant les angoisses m’oppriment, puisque je ne trouve auprès d’elle ni grâce ni bon accueil, pour me guérir, & que pourtant mon désir augmente tous les jours.
III. Mais quand je ia vois si gracieuse & si belle, je ne m’étonne pas de l’égarement où elle m’a mis, car sa beauté est..........., & ses grands mérites & ses manières enjouées ; mais je ne saurais la louer comme il faut ; d’ailleurs elle est telle qu’il n’est besoin d’ajouter ou ôter rien à sa beauté, & il est impossible en vérité, de faire une œuvre plus achevée.
IV. Il est vrai que, comparé à ses mérites, je ne vaux pas beaucoup ; mais si on peut acquérir de la valeur en aimant sincèrement, cela servira de compensation dans la balance.
V. Du comte, mon seigneur, je sais bien certainement qu’il sifflera ; mais ma poésie n’en vaudra pas moins, &, pour m’insulter il la chantera en dansant.