I. — Celui qui sait purement réfléchir au doux désir, à la pensée qu’un pur amour fait naître dans un cœur pur, purement, avec une saveur pure, celui-là doit se fier à ce pur amour. Amour vainc toute autre douceur. Quel amour ? Celui qui embrasse tout, sans fin et sans commencement. Dieu est ce fin amour ; Il est aussi la vérité. Celui qui aime Dieu finement est aimé finement de Dieu.
II. — Tout homme qui peut purifier son amour en Dieu et haïr ce que Dieu n’aime pas, sent, de l’amour, une odeur tellement bonne que rien ne lui est amer. On doit bien aimer un tel Seigneur, qui tua notre mort en mourant. Vaincu d’amour, Il vainquit en souffrant. Il aima fidèlement sans être aimé en retour. C’est Lui qui comprend le bien d’aimer, car cet amour divin coupe en deux toutes les amitiés terrestres.
III. — Il est bon et Il veut montrer sa bonté. Il ne veut pas cacher sa bonté aux bons. Il rend le méchant bon, le bon, meilleur. Il fait du bien au bon ; même au méchant Il fait du bien, car Il veut sauver tous les hommes. Que celui qui veut le bien prie le Sauveur, car celui ci est vraiment ce Bien qui conduit les bons au Salut : Bien supérieur à tous les biens. Celui qui aura un tel garant sera sauvé par lui.
IV. — Dame, tu n’eus jamais ta pareille aux cieux, sur la terre ni sur la mer. Vierge, Mère du Sauveur, ta gloire dépasse toute autre gloire, sauf celle de Celui qu’on ne peut [assez] glorifier. Honorée au-dessus de tout honneur, vous honorez magnifiquement certain roi, le roi des rois qui nous a tous honorés si grandement, pour notre réconfort. Après lui, sans nul doute, vous montez tous les degrés de l’honneur.
V. — A ta louange ne peut atteindre nulle louange. Quelle louange peut s’élever à la tienne, toi qui portes la fleur de toute louange ? Ta louange fait louer celle de ceux qui ont envie de te louer. Par ta louange, Dieu entend la louange de celui qui s’applique de te louer. Ta louange est également la sienne. Il se tient pour loué de tes louanges, et le corps de ceux qui te louent loyalement trouve un logement chez Dieu.
VI. — Le clair soleil éclaire le jour ; mais sa clarté, malgré son éclat, ne peut éclairer le jour, comme tu éclaires le cœur du pécheur. Quand vous voulez bien le regarder, Dieu ! quelle clarté, quelle splendeur ! Il est riche, celui qui la voit et la sent. Sentir ? Non ! Un sur cent sent cela. Pourquoi ? Parce qu’il consent au péché. Celui qui sent le péché et qui y consent après, ne sent pas Dieu et ne voit pas sa splendeur.
VII. — Que celui qui voudra chanter un chant nouveau chante une chanson de Dieu, sans se moquer (?), car Il ne veut pas d’autre chanteur. Tous les autres chants se changent en pleurs. Dieu veuille qu’aucun enchantement de mauvais enchanteur n’enchante celui qui chante cette chanson joyeusement ! Que celui qui la chanta pour la première fois chante toujours avec joie ! C’est pourquoi, en chantant, je vous présente ma chanson, où qu’elle soit chantée.
VIII. — Que celui qui chantera souvent cette chanson soit béni de Dieu. Dites Amen ! tous ceux qui voulez le bien, pour que celui-là vous aime que vous aimez !