Traduccions - Übersetzungen - Translations - Traducciones - Traductions - Traduzioni - Reviradas

124,002

Français
Alexander H. Schutz

I. — Amour m’invite et me convie à chanter et à faire savoir comment l’amour me tient en son pouvoir et s’il m’est cruel ou non ; et puisque je vois qu’Amour m’y invite, ainsi que la saison qui se renouvelle, il est juste que je raconte en chantant comment je suis consolé et calmé par une joie qui s’est établie dans mon cœur par un bon espoir qui m’a conquis.      
 
II. — De tous les biens qu’on trouve en amour, j’ai à présent quelque plaisir, car j’ai mis toute mon espérance, ma pensée et mes efforts à aimer une dame gracieuse et belle ; et je suis aimé d’une pucelle ; et quand je trouve une gaie fille de joie, je me conduis comme il me plaît ; cependant, pour partager l’amour en trois, je n’en suis pas moins courtois envers lui.
 
III. — Amour veut bien que j’aime ma dame pour augmenter, comme il convient, ma valeur, que j’aime une pucelle pour l’embrasser (?) et qu’il me soit surtout agréable, avec une fille qui en est à ses débuts, fraîche et jeune dont je n’ai pas à craindre qu’elle me trahisse (?), de m’offrir le plaisir de coucher avec elle tous les mois un soir ou deux pour payer à Amour son tribut.
 
IV. — Celui-là ne connaît ni peu ni prou le service d’amour qui veut entièrement posséder sa dame. Ce n’est plus de l’amour courtois si on le matérialise ou si la dame se rend comme récompense. Que l’amant reçoive un anneau ou un cordon et qu’il se croie pour cela roi de Castille. Il est assez récompensé de son loyal service d’amour, s’il reçoit des menus cadeaux et s’il prend un baiser quand il le peut. Pour le reste, que Merci le thésaurise et n’en cède rien.
 
V. — Une franche pucelle bien à point me plaît, quand elle me fait bonne mine et qu’elle vient s’asseoir à côté de moi quand je vais en sa maison ; et quand je veux lui baiser le menton ou que je lui serre un peu le sein, elle ne bouge, ne se détourne et ne s’effarouche point, mais essaie, au contraire, de s’approcher de moi, jusqu’à ce que j’aie pris un baiser ou doucement touché quelque endroit défendu.
 
VI. — Quant à la brave et aimable fille, je veux qu’elle me donne, sans trop de résistance, tout ce qu’Amour requiert au coucher : que, sans querelle ni discussion, elle ôte sa chemise et sa tunique et qu’elle danse plutôt d’après la musique que lui joue celui qui ne se soucie pas qu’elle se dérobe au jeu qu’Amour lui offre ; et si elle en a appris encore plus, qu’elle n’hésite pas à l’enseigner.

 

 

 

 

 

 

 

 

Institut d'Estudis Catalans. Carrer del Carme 47. 08001 Barcelona.
Telèfon +34 932 701 620. Fax +34 932 701 180. informacio@iec.cat - Informació legal

UAI