I. — La joie doit être bien attristée et Amour triste et marri ; peu doit-on estimer leur vie et tout le bien qu’on en dit. Car celui par qui valaient la gaîté et la courtoisie, le chant et le divertissement, Joie et Merci, leur manque, et c’est pourquoi le deuil est grand.
II. — On n’entendra plus jamais de bons vers ni de chansons remplies de sens. Amour, morte est votre devise, qui déclare que vous êtes un esprit courtois et qui disait vrai. Un tel homme vous convenait : tous les chanteurs ne valaient rien (auprès de lui) quand il voulait réciter pour vous plaire.
III. — Jamais homme ne fit de couplets si appréciés ; jamais langue ne fut aussi distinguée ; sa voix était si suave que le rossignol était ébahi quand il entendait son doux chant ; et [il était] preux sans faute, plus qu’aucun homme que j’aie connu. Voilà pourquoi Dieu l’a pris pour lui.
IV. Je prie Jésus-Christ de lui servir de guide et de le mettre à sa droite, à cette place qu’il a réservée à ses amis, car alors le lieu sera bien occupé. Ma dame Sainte Marie, je voudrais vous donner un conseil : si vous aimez un homme courtois, n’oubliez pas le seigneur Uc Brunenc.
V. Il est misérable et engourdi, l’homme guidé par Bassesse [de cœur], car il se perd et oublie le monde ; et quand il est parti d’ici-bas, Dieu ne veut pas de sa compagnie, mais Il l’envoie en enfer, où il reste, chargé de peines, et personne ne se trouvera qui pense à lui.
VI. Vers Salles va droit ton chemin, Plainte, car c’est là qu’avait l’habitude d’envoyer chansons, vers et sirventés, celui que Rodez doit bien pleurer.
VII. Beau désir, en quelque lieu que je sois, a sur moi seigneurie pour me faire dire et faire ce qu’il lui plaira. Je ne l’ai jamais vue, mais elle est dans mon cœur.