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Français
Ronald C. Johnston

I. Une joie d'amour s'est fixée dans mon cœur, humble, exquise et toute pleine de douceur, et m'a inspiré une telle audace qu'elle me fait aimer la dame la plus noble du monde ; et je l'aime tant que toujours, même quand je souffre le plus, la Joie me fait jouir de bon espoir, et voici pourquoi le tourment ne peut pas être insupportable.
 
II. Mais mon mal est d'une si douce saveur, qu'il me semble clair que le bien pourrait me rendre extrêmement heureux, car si je n'avais d'elle qu'un regard amoureux de ses yeux, jamais aucun amant n'a su mieux obéir à sa dame que je n'obéirais moi à elle, et je le ferai toujours, car Amour le veut, qui tient les clés de mon cœur.
 
III. Dame franche et belle, en qui sont réunies harmonieusement Valeur et Joie, je préfère et je veux avoir de vous le désir plutôt que de recevoir d'une autre tout ce que je désire de vous ; mais tellement votre mérite éclatant, qui vous fait maîtresse et chef des meilleures, est élevé au-dessus de toute autre dame, que je n'ose vous dire de daigner me prendre comme votre serviteur.
 
IV. Mais au nom de Merci, qui lutte contre Orgueil, je vous prie que votre valeur ne se fâche pas envers moi si je me plains, car vous êtes si près de mon cœur que je m'incline toujours vers l'endroit où vous êtes, noble dame, et vous demande grâce, en songeant à vous, et, où que je sois, je tourne les pensées de mon cœur vers votre amour, de sorte que je n'ai rien d'autre en mes pensées.
 
V. S'il ne vous plaît pas autrement de m'enrichir, qu'il ne vous déplaise si je vous aime et si je suis votre conquête, car votre beauté et votre haute réputation m'interdisent d'aimer une autre dame ; et si ce n'est qu'Amour m'amène un tel honneur, que Dieu ne me donne nul bien de mon vivant, si jamais pour quoi que ce soit je me désiste de vous aimer.
 
VI. Dame la plus gracieuse qui jamais naquît sur terre, l'âpreté qui me vient de vous m'est si douce et suave que je ne puis tourner mon cœur ailleurs ; ah ! si jamais le temps vient où à bon droit je vous appellerai ma dame, où je serai, mains jointes, votre homme-lige, et où vous daignerez m'accueillir comme un bon seigneur accueille son serf... !
 
VII. Dame, Amour m'a rendu si audacieux (il sait que je vous suis fidèle et que je ne me détourne pas de vous) qu'il m'a fait dans le cœur un miroir dans lequel je vous vois.
 
VIII. Dame, je suis au sommet de Valeur, et je n'ose pas par mon visage vous ouvrir mon cœur.
 
IX. Dame, en mon visage vous pouvez voir mon cœur.

 

 

 

 

 

 

 

 

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